Se retrouver après une intervention chirurgicale

Une intervention chirurgicale, même très réussie, provoque souvent un changement difficile à accepter, une modification corporelle. Autant notre esprit comprend immédiatement que cette opération était indispensable et bénéfique, autant notre instinct, lui, met beaucoup de temps à accepter de tels changements corporels.

Eric que je connais depuis plusieurs années n'a plus de lunettes. Je lui demande s'il porte des lentilles.

  • « Non », m'explique-t-il "Je me suis fait opérer d'une myopie très forte. J'ai même des lentilles intraoculaires."
  • Et vous êtes content du résultat ? "Oui" Je sens une telle réticence que je lui demande des explications. "En fait, l'opération est très réussie, je vois vraiment bien, et je n'ai plus besoin de lunettes. Mais, j'ai eu du mal à accepter ces lentilles, et même ce changement de ne plus être myope, de ne plus pouvoir enlever mes lunettes et de me couper du monde. Il m'a fallu plus d'un an pour ça. C'est comme s'il m'avait fallu un temps de réappropriation de mon corps. Je me sentais mal, déprimé. Je n'osais en parler à personne, car cela me paraissait ridicule. Ce qui m'a fait du bien, c'est de parler à la secrétaire de mon chirurgien. Elle m'a avoué que cette réaction était très fréquente après une opération ! Du coup, j'ai osé aller en parler à un psy et ça m'a fait vraiment du bien "

Andrée a aussi connu un épisode un peu similaire. « J'ai été opérée de l'appendicite, et c'était une péritonite. J'ai failli mourir et j'en garde une grande cicatrice verticale sur le ventre. Et j'ai eu énormément de mal à l'accepter. Je me disais que jamais plus mon corps ne serait le même, que toute ma vie je devrais vivre avec cette cicatrice. Je ne me reconnaissais plus. Pourtant, cette opération m'avait sauvé la vie et une cicatrice n'est pas un prix très élevé à payer ! J'ai dû mettre presque deux ans à accepter cette cicatrice, à la considérer comme faisant partie de moi. Maintenant, elle ne me gêne plus du tout, mais je me souviens très bien de cette période après mon opération. »

Ainsi, un changement corporel agressif est souvent difficile à intégrer. Il est normal d'avoir des difficultés à l'assumer sereinement et que cela demande un certain temps. Car nous avons une image intérieure de nous-même à laquelle nous sommes habitués et il est douloureux de la voir brusquement chamboulée. Alors, quand une intervention chirurgicale est vitale, on ne se pose pas de question, on préfère avoir la vie sauve. Mais quand on choisit de se faire opérer de la myopie, ou d'une intervention esthétique, cela vaut vraiment la peine de prendre le temps d'y réfléchir car il s'agit d'une opération de luxe. Et il est difficile de prévoir notre propre réaction.

C'est ainsi que Julie qui vient de se faire tatouer demande à son médecin le lendemain : « Est-ce qu'il est possible d'enlever mon tatouage tout de suite ? Comme il date d'hier, cela doit être plus facile non ? Parce que finalement, je n'accepte pas de penser qu'il va rester là toute ma vie. Je ne me reconnais plus. »

Notre corps, même imparfait, nous est précieux, et il est habitué à ce qu'il est. Alors savoir qu'en cas de changement brutal inévitable, il faudra l'aider à assumer des changements peut permettre de se sentir moins ridicule ou moins bizarre. C'est simplement naturel ! Le savoir peut permettre aussi de ne pas se lancer dans une modification corporelle non essentielle qui apportera peut-être plus de difficultés que de bien-être !

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