Quand faut-il s’inquiéter ?
Quatre-vingt-deux pour cent des lycéens garçons et filles de 15 à 19 ans interrogés au cours d’une enquête à l’aide d’un questionnaire disaient consommer de l’alcool régulièrement et 35 % avouaient avoir déjà été ivres. Sont-ils tous pour autant des adolescents à problèmes ? Il a 16 ans, il est rentré ivre trois fois dans l’année après des soirées un peu trop arrosées entre copains. Pas de panique, il y a toutes les chances qu’il s’agisse d’expériences ponctuelles, banales, qui ne présagent en rien d’un comportement d’addiction pathologique. Globalement, est-ce qu’il va mal, est-il désocialisé, déscolarisé ? Ces excès n’ont pas de conséquences sur son comportement général, il ne paraît pas en souffrance, n’est pas particulièrement plus irritable ou sombre que ses copains ? S’il est évident que vous devez marquer le coup et avoir avec lui une conversation sur les risques qu’il prend, ne dramatisez pas outre mesure l’événement. Votre enfant affirme son identité et par essai et erreurs, cela lui permet de découvrir puis d’élaborer son propre système de valeurs, son individualité à l’intérieur d’un groupe social dans lequel il doit s’intégrer. À la fin de l’adolescence, si la majorité des garçons et des filles ont fait l’expérience de la drogue, du tabac et de l’alcool, moins de 5 % continueront à en faire un usage régulier et excessif.
Des profils à risques : l’œuf et la poule
Alcool, tabac et cannabis font partie de la même période d’expérimentation. Un joint fumé avec les copains ne justifie pas un conflit majeur. En revanche, si ces excès deviennent trop fréquents, s’il «sèche» ses cours les lendemains de fête, si vous trouvez des bouteilles d’alcool dans sa chambre et qu’il fume, isolé, à la maison, il a certainement besoin d’aide. On a tendance à rendre responsable de cet état l’abus d’alcool ou de stupéfiants : c’est en partie vrai, mais de l’œuf et de la poule, savoir qui est à l’origine ? Cette relation à l’alcool et/ou à la drogue est souvent l’occasion d’une prise de conscience pour l’entourage des difficultés de l’ado. Le plus souvent, il faut se rendre à l’évidence : ce mal-être était installé avant ces expériences. Ces candidats aux addictions présentent des troubles du comportement dès la petite enfance : hyper activité, trouble de l’attention, anxiété excessive, état dépressif ou troubles du comportement alimentaire sont des symptômes qui doivent être pris en charge le plus tôt possible. À l’adolescence, la rencontre avec l’alcool et le cannabis leur procure un apaisement passager qui va les pousser à réitérer chaque fois qu’ils seront gênés par leurs symptômes. Une prise en charge thérapeutique est alors indispensable.
Le juste milieu
Votre ado a découvert les joies de l’ivresse. Vous avez deviné qu’il sait ce qu’est un joint. Son comportement général n’a pas changé pour autant, ses études, ses copains, sa famille, tout roule comme d’habitude. Réjouissez-vous de ses expériences, votre enfant est parfaitement normal : une étude américaine a montré que les adolescents expérimentateurs ou consommateurs occasionnels étaient les sujets les mieux adaptés à la vie sociale de toute la population étudiée. En revanche, les consommateurs réguliers et excessifs présentaient d’importantes difficultés d’adaptation sociale avec des difficultés scolaires et des problèmes de comportement. Majoritairement, ils étaient en souffrance émotionnelle, avec des difficultés relationnelles et peu de contrôle de leur impulsivité. Vous êtes fiers car le vôtre n’a jamais, au grand jamais, touché à quoique ce soit et il s’en vante : réveillez-vous, on trouve les mêmes profils chez les abstinents que chez les sur-consommateurs. Ces ados si sages présentent parfois une difficulté d’intégration, sont souvent isolés, craintifs et, statistiquement, ce sont souvent également des enfants en grande difficulté.
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