Publié par Dr Etienne Bidat
le 14/05/2001
Maj le
5 minutes
On appelle pollinose ou allergie au pollen, une affection allergique provoquée par le pollen contenu dans les étamines et disséminés soit par le vent, soit par les insectes. Prédominante au printemps, l'allergie au pollen est la manifestation allergique la plus caractéristique. L'allergie au pollen peut se traduire par une rhinite (ou rhume des foins), une conjonctivite, de l'asthme, ces maladies pouvant s'associer.

Historique de l'allergie au pollen

L'allergie au pollen est décrite vers 1800, elle s'appelle alors « fièvre des roses ». En 1815, la première communication consacrée à l'allergie au pollen est présentée à la Société Royale britannique. En 1828, John Macculoch crée le terme de « rhume des foins ». En 1873, Charles Blackley recueille du pollen à l'aide de cerfs-volants et met en évidence une relation entre la quantité de grains de pollen présents dans l'atmosphère, les signes cliniques et les tests cutanés. En 1911, Freeman réalise une désensibilisation au pollen de graminées.

Quels sont les différents signes de l'allergie au pollen ?

Il est bien connu que le pollen peut être responsable du classique rhume des foins avec une rhinite et des signes oculaires. Moins connu, le pollen est également responsable d'asthme, d'urticaire, d'œdème de Quincke et de dermatite atopique. Une fièvre modérée est possible chez la personne très allergique.

Le pollen voyage...

La pollinisation est le transport du grain de pollen sur le stigmate de la fleur femelle, entraînant ainsi la fécondation. Les courants de convection aériens permettent à certains pollens d'atteindre une altitude élevée et de se déplacer sur de longues distances. Certains pollens, ainsi transportés par le vent, peuvent faire plus de 100 kilomètres. La densité maximale de pollen dans l'air est présente le jour.

Heureusement, tous les pollens ne déclenchent pas une réaction allergique

Tous les pollens ne sont pas synonymes d'allergie. En principe, ceux qui occasionnent des symptômes respiratoires sont plutôt anémophiles, c'est-à-dire transportés par le vent. Le pollen des plantes entomophiles, transportés par des insectes, est peu allergisant. Le très gros pollen, comme celui du pin, n'est pas allergisant …et pourtant il est bien visible !

Les familles de pollens

Les allergologues ont adopté une classification des pollens. On distingue en allergologie :

  • Le pollen des graminées fourragères (dactyle, phléole, ivraie, pâturin des prés, flouve...).
  • Le pollen des arbres pour lesquels il existe de nombreuses familles. Les principales sont : les bétulacées (aulne, noisetier, bouleau, charme...), les fagacées (châtaignier, chêne, hêtre...), les oléacées (olivier, frêne, troène...), les cupressacées (cyprès, genévrier...), les salicacées (saule, peuplier...), etc. ;
  • Le pollen des herbacés avec les plantaginacées (plantain), les urticacées (pariétaire), les polygonacées (oseille), les chénopodiacées (chénopode, amarante), les composées (armoise, ambroisie, pissenlit, pâquerette, marguerite, génépi, absinthe, arnica, aster, verge d'or, chrysanthème).

Allergiques : attention aux allergies croisées

Il existe des réactions croisées entre différentes plantes. Une personne allergique à un végétal risque également de réagir aux plantes de la même famille. Par exemple une personne allergique aux dactyles réagit avec tous les pollens de la famille des graminées fourragères. Il existe aussi des réactions croisées entre les pollens et les aliments. Par exemple, une personne allergique aux bétulacées a dans 50% des cas des allergies croisées avec certains aliments comme la pomme, la poire, la pêche, etc. Le plus souvent, en croquant un de ces fruits, la personne allergique présente un prurit des lèvres et de la bouche et un gonflement des lèvres.

Le calendrier pollinique : les périodes à risque pour l'allergie au pollen

Les périodes de pollinisation varient suivant les années (printemps plus précoce, ou au contraire tardif), les régions (plus précoce dans le Sud de la France que dans le Nord, en plaine plutôt qu'en montagne). Il existe, disséminés sur tout le territoire métropolitain français, des capteurs de pollens qui recueillent les pollens anémophiles, les identifient et en réalisent un comptage. Les résultats sont communiqués aux médecins, leur permettant ainsi de relier certains symptômes de leurs patients à un pollen particulier, ou bien de prévenir les personnes souffrant de cette allergie.

De façon schématique, les premiers arbres à polliniser sont les cyprès en décembre dans le midi de la France et les noisetiers en janvier-février dans la moitié Nord. Ensuite, différentes familles d'arbres pollinisent à leur tour. La grande saison pollinique est mai-juin avec les pollens de graminées. Les pollens d'herbacés prennent le relais pour clore la saison pollinique vers octobre.

Il faut noter le rôle important du pollen d'ambroisie (l'herbe à poux) retrouvé dans la région lyonnaise. Il représente un fléau pendant sa période de dissémination (15 août, 15 septembre).

Pour connaître le calendrier pollinique actualisé, et suivant votre région, le plus efficace est de se connecter sur Internet : www.allergienet.com, des liens avec les principaux sites y sont indiqués. Mais aussi sur le site du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), qui publie notamment une carte de vigilance : http://www.pollens.fr.

Traitement de l'allergie au pollen : prendre le traitement adapté, au bon moment

Dans les allergies légères aux pollens, qui sont les plus fréquentes, il suffit de prendre un traitement dès l'apparition des premiers petits signes de gêne. Il est aussi judicieux de prendre, avant une exposition intense au pollen, un traitement préventif contre l'allergie (par exemple lors d'un week-end à la campagne en juin par beau temps). Pour les rhinites et les conjonctivites, le traitement repose le plus souvent sur les médicaments de la famille des antihistaminiques. Dans les cas d'une allergie sévère au pollen, dont chaque année les manifestations sont gênantes, il est plus judicieux de débuter le traitement avant l'apparition des signes d'allergie. Il est montré que lorsque les premières manifestations d'allergie apparaissent, la quantité de pollen qui déclenchera une nouvelle « crise » sera plus faible. Il est donc plus efficace de « bloquer » la machine allergie avant qu'elle ne s'emballe. Ainsi, un traitement qui a pu être insuffisamment efficace l'année précédente, car pris trop tardivement, peut être parfaitement suffisant s'il est pris avant le début de la saison, et pendant toute la saison pollinique.

Allergie au pollen : pensez à la désensibilisation

La désensibilisation aux pollens est efficace avec les espèces les plus souvent en cause (graminées fourragères, bétulacées…). Elle permet souvent d'obtenir une disparition des signes d'allergie lors de la saison pollinique ou une atténuation suffisante pour les rendre tolérables et faciles à gérer. Ses indications sont les mêmes que pour les désensibilisations avec d'autres extraits allergéniques. Elle n'est pas proposée systématiquement, car elle est longue et contraignante.

Les petits moyens complémentaires utiles si vous souffrez d'allergie au pollen

  • En période pollinique, évitez de rouler en voiture fenêtres ouvertes.
  • Lors de la tonte de l'herbe, éloignez-vous et fermez les fenêtres.
  • Enfin, prenez en compte le calendrier pollinique pour choisir votre lieu de vacances.

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