Antibiotiques : seront-ils encore efficaces demain ?
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Antibiotiques : trop de prescriptions inutiles

Malgré les campagnes grand public « Les antibiotiques, c’est pas automatique » et les différents plans pour en limiter l’usage, les Français consomment encore 30% d’antibiotiques de plus que leurs voisins européens. Or, 30 à 50% des prescriptions seraient inutiles et seuls 30% des généralistes utilisent le test d’orientation diagnostic rapide pour les angines permettant de savoir si elles sont bactériennes ou virales. Par ailleurs, les traitements sont souvent prolongés sans être réévalués.

« On a des critères qu’il faut s’imposer pour prescrire ou ne pas prescrire, affirme le Pr François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié Salpetrière. On doit aussi mieux prescrire en choisissant le meilleur antibiotique pour le cas clinique observé et ne pas aller à la facilité. Il y a un gros travail à faire au niveau des étudiants en médecine ». Mais pas seulement : « Il faut continuer à sensibiliser les patients, confirme Alain Philippon. Ils s’imaginent trop souvent que ce sont des remèdes miracles ».

Des animaux engraissés aux antibiotiques

Des bactéries multirésistantes sont apparues aussi dans les élevages qui se transmettent directement de l’animal à l’homme ou via l’alimentation. Jusqu’en 2010, la France était la plus consommatrice d’Europe d’antibiotiques vétérinaires. Depuis, leur utilisation a baissé de 12,5% entre 2012 et 2014. Résultat : « La baisse de l’usage des antibiotiques en agriculture a provoqué directement une baisse des infections résistantes », précise Arlette Laval, professeur émérite à l'École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation Nantes Atlantique. Le plan Ecoantibio 2017 table sur une diminution de 25% dans les cinq prochaines années. Et il est question de ne plus donner d’antibiotiques aux animaux à titre préventif.

Mais d’autres pratiques existent ailleurs. Aux États-unis, par exemple, les antibiotiques continuent d’être utilisés comme facteurs de croissance des animaux d’élevage. « Les doses administrées aux porcs pendant la durée d’engraissement sont plus élevées que les doses thérapeutiques », assure Alain Philippon. Des taux tout aussi massifs sont employés aussi en Asie du Sud-Est.

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Source : Conférence de presse « Antibiotiques, antibiorésistance et environnement », organisée par cinq académies : médecine, pharmacie, vétérinaire, chirurgie dentaire, agriculture, 15 juin 2016, Institut Curie, Paris.