- 1 - Le dépistage organisé du cancer du sein remis en cause
- 2 - Dépistage organisé du cancer du sein : et si certaines femmes étaient traitées inutilement ?
- 3 - Le dépistage doit entrainer une baisse de mortalité
- 4 - Dépistage organisé : des risques de sur-diagnostics et de sur-traitements
- 5 - Arrêt du dépistage organisé ou simple toilettage ?
Le dépistage doit entrainer une baisse de mortalité
Selon les études, la baisse de mortalité dans le cancer du sein grâce au dépistage est évaluée entre 0,05% et 48%. « En tout cas, il semble que la mortalité observée soit moins diminuée qu’attendu dans les années 90, d’où le doute affiché de certains chercheurs et professionnels de santé », reconnaît l’Inca.
Et quand la mortalité baisse, est-ce lié au dépistage, ou aux progrès des traitements et des soins ?
En 2011, une publication dans le British Medical Journal démontre que la mortalité liée au cancer du sein a chuté de 20 % environ dans tous ces pays entre 1989 et 2006, un taux retrouvé à la fois chez les femmes dépistées et non dépistées.
Pour l’auteur, le Dr Philippe Autier, épidémiologiste et directeur de recherche à l’International Prevention Research Institute de Lyon, il n’y a pas vraiment de doute : « Le but du dépistage est de détecter des cancers à un stade précoce afin d’entrainer une réduction de l’incidence des cancers avancés et des décès. C’est ce que l’on observe avec le cancer colorectal et le cancer du col de l’utérus dont la mortalité a diminué dans les pays où le dépistage a été mis en place. S’il n’y a pas de diminution, c’est que le dépistage n’est pas efficace ».
L’exemple du neuroblastome, une tumeur rare mais mortelle qui touche les enfants, est significatif : un dépistage des métabolites dans les urines a été mis en place dans trois pays. « On y a beaucoup cru, signale le spécialiste mais, avec le recul, les études ont montré qu’il n’y avait pas de différence de mortalité entre les enfants dépistés et non dépistés. On a donc arrêté le programme de dépistage ».
Dépistage organisé : des risques de sur-diagnostics et de sur-traitements
Les risques de sur-diagnostics de cancer du sein sont de plus en plus souvent évoqués.
On parle de sur-diagnostic quand un diagnostic de cancer du sein est posé alors que la tumeur n’aurait jamais ennuyée la femme de son vivant. En effet, on sait aujourd’hui que l’évolution du cancer du sein n’est pas aussi linéaire que l’on pensait au départ : autrement dit, il y a des petites lésions qui n’évolueront jamais ou tellement lentement que les femmes décèderont d’une autre maladie.
Plusieurs études montrent, en effet, que les cancers in situ (petites lésions) ne sont pas devenus invasifs des années plus tard en l’absence de traitement.
Le problème, souligne l’Inca, c’est que « nous ne disposons pas actuellement de moyens permettant de distinguer les tumeurs qui évolueront en tumeur infiltrante de celles qui resteront inoffensives ».
A défaut, on traite toutes les femmes. Selon le Dr Autier, « quand le dépistage organisé n’existait pas, on avait moins de 1% de cancers in situ, aujourd’hui, on en trouve 10 à 20%, une véritable épidémie ! ».
Selon les études, des taux de sur-diagnostics allant jusqu’à 54% sont avancés.
Là encore, il n’y a pas de consensus chiffré : l’étude Paci estime que pour un dépistage débutant à 50 ans, deux décès seront évités pour un cas de sur-diagnostic… L’étude Marmot suggère que pour un décès évité, il y aura trois sur-diagnostics. Or, qui dit sur-diagnostic dit sur-traitement, c’est-à-dire tumectomies (ablations de la tumeur) et mastectomies (ablation du sein) non justifiées, sans compter l’angoisse dans laquelle sont plongées les femmes.
Une étude sur 16 millions de femmes, publiée dans le JAMA en 2015, suggère que lorsqu’une anomalie est détectée, « une surveillance active peut-être parfois préférable à un traitement immédiat ». C’est la pratique adoptée pour le cancer de la prostate pour lequel aucun dépistage organisé n’a été proposé aux hommes en raison des séquelles engendrées par les traitements.
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-Conférence de presse « Mammo de dépistage, ou ou non ? », organisé le 27 septembre 2016 par le collectif d’information sur le cancer du sein Cancer Rose : www.cancer-rose.fr