SOPK, dysménorrhée : les femmes atteintes ont un risque cardiovasculaire plus élevé

La dysménorrhée (douleurs pendant les règles) concernerait 91 % des femmes à un moment au cours de leur vie. Ces douleurs varient en fonction de chaque femme, certaines peuvent par exemple ne rien ressentir. En cas de dysménorrhée, cela peut aller d’un léger inconfort à une douleur intense, pouvant handicaper les femmes dans leur quotidien. 2 à 29 % des femmes se trouveraient dans ce dernier cas.
Le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) est une pathologie gynécologique dont la prévalence est moins évidente à établir tant le spectre des symptômes est large. Le SOPK est la première cause d’infertilité féminine. Les experts estiment que le SOPK toucherait entre 4 % et 21 % des femmes.
Risque cardiovasculaire chez les femmes : peut-il émerger avant la ménopause ?
Les femmes ménopausées sont davantage exposées au risque de développer une pathologie cardiovasculaire. Ceci, est dû à l’arrêt de production de l’hormone œstrogène dans le corps, véritable protectrice de la santé cardiaque des femmes. Mais des chercheurs ont souhaité savoir si des pathologies ou des douleurs gynécologiques, propres aux femmes en âge de procréer, pouvaient aussi avoir un impact sur leur santé cardiovasculaire.
Deux études ont ainsi été présentées pendant le mois de novembre 2023, lors des sessions scientifiques organisées par l'American Heart Association, révélant que, chez les femmes en âge de procréer, le risque cardiovasculaire serait plus élevé en cas de dysménorrhée et de SOPK. Ces études n’ont pas encore été publiées dans une revue scientifique.
La Dre Nicole Weinberg, cardiologue certifiée au Providence Saint John's Health Center à Santa Monica, en Californie, non impliquée dans ces recherches, a commenté pour Medical News Today : « Nous avons toujours su qu'il existe des changements hormonaux qui lient nos patientes aux processus cardiovasculaires, mais en général, l'accent a toujours été mis sur les dernières années, au cours des années de ménopause. Je pense donc qu'il est très important d'examiner plus tôt l'histoire menstruelle d'une femme. »
Dysménorrhée et risque cardiovasculaire : un lien serait établi
La première étude qui a été présentée s’est intéressée au potentiel lien qui pourrait exister entre la dysménorrhée et la cardiopathie ischémique (CI) qui se caractérise par un rétrécissement des artères irriguant le sang au cœur, entraînant une baisse de la quantité d'oxygène qui atteint le muscle cardiaque.
Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a étudié les dossiers de santé de plus de 55 000 femmes âgées de moins de 50 ans, dont un peu plus de 30 000 avaient reçu un diagnostic de dysménorrhée. Ils ont également examiné le diagnostic des maladies cardiaques de ces femmes.
Leurs principales conclusions étaient que les femmes atteintes de dysménorrhée étaient :
- deux fois plus susceptibles que les personnes sans pathologie d'avoir une CI caractérisée par des douleurs et un inconfort thoracique ;
- plus de trois fois plus susceptible de souffrir d'angine de poitrine ;
- et deux fois plus susceptibles d’avoir une CI chronique ou à long terme.
Toutefois, il convient de noter qu’il s’agit d’une étude transversale et qu’elle ne peut donc pas déterminer s’il existe un lien chronologique entre la dysménorrhée et les maladies cardiovasculaires.
Les femmes atteintes de SOPK auraient un risque cardiovasculaire plus important
La seconde étude présentée s’est intéressée au lien qu’il pourrait y avoir cette fois entre SOPK, hypertension et maladie cardiovasculaire.
Ici, les chercheurs ont examiné les données de santé de 170 000 adolescentes entre 2012 et 2018. Pour chacune, les chercheurs ont noté la tension artérielle, la taille et le poids pris lors d'une première visite chez l'enfant en bonne santé, ainsi que tout diagnostic de SOPK.
Résultat, parmi les filles atteintes du SOPK, 18,6 % souffraient d’hypertension artérielle, contre seulement 6,9 % de celles sans SOPK. Et après ajustement en fonction de l'âge, de la race/origine ethnique et de l'indice de masse corporelle (IMC), les chercheurs ont découvert que la prévalence de l'hypertension artérielle était 30 % plus élevée chez les filles atteintes du SOPK.
Les maladies cardiovasculaires étant la première cause de mortalité des femmes, cette deuxième étude montre une fois de plus l’importance d’avoir un suivi médical afin de se prémunir face aux maladies cardiovasculaires.