Les thérapies ciblées, de plus en plus spécifiques
Depuis le début des années 2000, 39 thérapies ciblées ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. Des dizaines sont à l’étude et la panoplie s’élargit à vue d’œil.
Pour s’attaquer aux cellules tumorales, les thérapies ciblées s’intéressent aujourd’hui à plusieurs cibles :
- Les voies de signalisation : des molécules bloquent les signaux au sein de la cellule et donc le développement tumoral. Les inhibiteurs de l’enzyme tyrosine kinase par exemple ont déjà révolutionné certains cancers comme un type de leucémie dite myéloïde.
- Les systèmes de réparation de l’ADN de la cellule : les mécanismes intracellulaires de réparation de l’ADN sont neutralisés et créent un "chaos génétique" au sein de la cellule jusqu’à ce que celle-ci meurt. Une molécule (anti-PARP) dans le cancer de l’ovaire vient tout juste de recevoir l’AMM.
- Des mécanismes immunitaires : une immunothérapie ciblée renforcent la défense immunitaire du malade contre le cancer.
Il aura fallu plus d’une dizaine d’années pour obtenir les premiers succès de thérapies ciblées. Aujourd’hui, on emploie couramment des "a nticorps monoclonaux", dirigés contre une cible précise de la cellule (comme un récepteur à sa surface), dans le cancer du sein ou d’autres cancers (digestifs, ORL ou lymphomes). On dispose aussi dans les cancers du côlon, du poumon, du sein, de l’ovaire ou du rein, de traitements dits "anti-angiogénique" qui empêchent la formation des vaisseaux tumoraux qui alimentent les cellules cancéreuses en oxygène, sucre etc.
Thérapies ciblées : l’analyse biomoléculaire guide la prescription
La thérapie ciblée se concentre sur des anomalies, identifiées ou suspectées, de la cellule cancéreuse (un mécanisme biomoléculaire). Pour qu’elle soit employée de manière personnalisée, il faut rechercher un biomarqueur c’est-à-dire la signature de la tumeur du patient, qui lui est propre. Or ce n’est pas toujours le cas. Car il existe plusieurs niveaux de précision dans le choix des traitements ciblés ;
- Si le choix repose sur l’observation de l’efficacité de la molécule dans un certain type de cancer (thérapie ciblée non stratifiée).
- Si le choix repose sur l’identification d’une anomalie biologique (thérapie stratifiée).
- Si le choix repose sur le screening de plusieurs anomalies. C’est alors une réelle "thérapie personnalisée". Les premiers essais sont en cours.
A ce jour, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) précise, pour 17 thérapies ciblées disponibles, la nécessité de réaliser un test moléculaire (« test compagnon ») afin de s’assurer que le traitement est adapté au profil de la tumeur. De plus, la plupart des thérapies ciblées sont efficaces dans d’autres indications que celles pour lesquelles elles ont obtenu une AMM.
Pr Jean-Yves Blay, directeur général du centre Léon Bérard (Lyon) : « Les thérapies ciblées agissent en effet sur des mécanismes cellulaires, moléculaires qui peuvent être partagés par plusieurs cancers. Des essais cliniques en cours* permettent à des patients qui ne correspondent pas à l’AMM d’avoir accès à ces thérapies innovantes. »
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(2) MAPPYACTS s’intègre dans un programme de recherche européen pour le déploiement de la médecine de précision chez l’enfant de l’ITCC (Innovative therapies for children with cancer)
MAPPYACTS est financé à hauteur de 1,6 millions d’euros par la Fondation ARC et promu par l’Intitut Gustave Roussy.
*La Fondation ARC est partenaire de l’INCa et d’Unicancer
D’après la conférence de la Fondation ARC pour la Recherche sur le Cancer (28 janvier 2016, Paris). Merci à Véronique Simon pour la documentation, à Jacques RAYNAUD, président d’honneur, Conseiller scientifique du Président de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer et Guillaume Frasca, responsable de l'évaluation et de la promotion scientifique