L'apoptose ou quand nos cellules se suicident !
L'apoptose est un processus physiologique normal et indispensable, conduisant une cellule à sa mort naturelle. Son mécanisme implique un programme génétique déterminé exprimé par chaque cellule. Mais tout défaut d'apoptose mène à un déséquilibre pouvant entraîner des pathologies sévères. Son dysfonctionnement peut aussi bien se faire dans le sens de l'excès que du déficit.
Un excès d'apoptose peut par exemple atteindre des cellules qui normalement ne se divisent plus et qui devraient donc perdurer à vie. C'est ce qui se passe pour les cellules neuronales dans les maladies neurodégénératives ou dans le cas du Sida, lorsque les cellules responsables de la production des anticorps sont éliminées par excès d'apoptose, ou encore dans le contexte ischémique de l'infarctus du myocarde (les cellules cardiaques sont éliminées alors qu'elles ne peuvent pas être remplacées).Inversement, la résistance à l'apoptose conduit au maintien de cellules qui devraient normalement disparaître. C'est le cas des pathologies auto-immunes. En revanche, en ce qui concerne les cancers, le processus est plus compliqué. Il s'agit de la combinaison d'une résistance accrue à l'apoptose et d'une dérégulation du cycle cellulaire.
Quelle est la place de l'apoptose dans l'arsenal chimiothérapeutique antitumoral ?
La résistance à l'apoptose joue un double rôle en cancérologie. Non seulement des cellules qui seraient normalement éliminées persistent, mais cette résistance favorise également l'apparition de mutations génétiques, responsables de métastases. Progressivement, la quantité de cellules insensibles à l'apoptose s'accroît et la résistance à la chimiothérapie est de plus en plus forte (échec thérapeutique). Précisons que la chimiothérapie a précisément pour but d'éradiquer les cellules qui auraient dû être normalement éliminées par apoptose. Grâce aux connaissances récentes acquises sur l'apoptose, plusieurs stratégies sont envisagées pour rétablir celle-ci dans la cellule cancéreuse : restaurer l'expression et stimuler certains récepteurs de la mort, supposés spécifiques des cellules cancéreuses, ou neutraliser spécifiquement les protéines.
Dans d'autres pathologies
Les travaux visant à inhiber l'apoptose pour empêcher la mort cellulaire massive aiguë lors d'ischémie ou d'intoxication, pourraient aboutir à court terme. Autre voie de recherche, protéger les populations neuronales contre l'apoptose indue, en particulier dans les pathologies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. Sur le même principe, on peut aussi augmenter les défenses neuronales en stimulant des récepteurs ou des substances cellulaires. Ces stratégies sont à l'étude chez la souris, les essais chez l'homme n'ayant pas encore commencé. Toutefois, si une inhibition de la mort cellulaire dans l'organisme semble possible à court terme, comme dans l'ischémie, une inhibition chronique de l'apoptose sera beaucoup plus difficile à maîtriser car, si elle n'est pas ciblée spécifiquement, elle risque inversement de générer des tumeurs.
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