Excès d'alcool : une histoire d'hommes ?
C'est dans le but de pouvoir répondre à ces questions, qu'une étude qualitative a été menée en juin 2002 par la CNAMTS et l'INPES. Celle-ci visait à mieux appréhender la cible des consommateurs excessifs d'alcool, leurs habitudes, leurs valeurs de référence, ou encore leurs idées reçues, leurs résistances, leur perception du risque…, en vue d'identifier dans un second temps les messages susceptibles d'avoir un réel impact sur eux. Des entretiens individuels, puis des réunions de groupes de buveurs excessifs ont été menés. Sans problèmes de santé graves, ces consommateurs étaient différenciés en âge, catégorie socioprofessionnelle et habitat. Les contextes de consommation relatés étaient également variés : repas/hors repas, chez soi/à l'extérieur, etc.
Au cours de leurs déclarations, ces consommateurs excessifs se sont caractérisés par une minimisation quasi systématique de leur consommation et donc de ses conséquences sur la santé : verres qu'ils ont omis de compter, euphémismes du « petit » verre et du « petit coup », etc. Toutefois, leurs comportements et attitudes vis-à-vis de l'alcool tendent parfois vers une régulation (réelle ou imaginée comme telle) : ne jamais boire hors des repas ou bien jamais le midi, etc.
Une dimension généalogique et symbolique
Plus profondément, ces hommes ont montré une relation identitaire forte à l'alcool et ce, à un double niveau. Celui de leur identité en général : individuelle, culturelle, régionale, sociale d'une part et celui de leur identité masculine d'autre part : l'alcool les inscrit dans une lignée généalogique, par là ils sont bien les « héritiers du père ». Ce rapport à la lignée généalogique joue un rôle déterminant et stratégique dans le discours de ces consommateurs, il leur sert à justifier leurs attitudes vis-à-vis de l'alcool, à conforter leur image d'homme, et surtout à définir une norme subjective, légitimant et intégrant déjà une forme d'excès.
En revanche, ces buveurs excessifs n'associent plus la virilité à la seule résistance physique à l'alcool : selon eux, être un homme consiste d'abord à savoir se contrôler. C'est la raison pour laquelle ils refusent dans un premier temps d'être gendarmés par l'entourage ou les campagnes de prévention, mais peuvent aussi rechercher des gardes fous extérieurs pour les réguler.
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