La douleur, liée à l’état anxieux chez la femme

Les causes hormonales ne sont pas les seules dans le ressenti de la douleur. L’anxiété joue aussi et ce que les études en neurophysiologie ont révélé, c’est que la femme vit un niveau d’anxiété basale (anxiété de base ou d’état) plus élevé que l’homme, alors que l’homme aurait plutôt une plus forte anxiété face à une situation ponctuelle, dénommée "anxiété situationnelle" (3). Sous le poids d’une anxiété continue, les femmes seraient ainsi plus sujettes à ressentir une douleur chronique. « D’où l’important, insiste le Pr Marchand, de confier à son médecin non pas uniquement les conséquences physiologiques de sa douleur, mais aussi ses soucis psychologiques éventuels, afin qu’il les prenne en compte dans le soin global : pas seulement la douleur elle-même mais aussi le contexte psychologique du vécu douloureux. Il est fréquent qu’une personne qui souffre de douleur chronique obtienne de meilleurs résultats lors du traitement si les facteurs affectifs sont pris en charge, par des approches comme la psychothérapie, la relaxation et la méditation et cela même si la douleur vient de causes physiologiques bien déterminées ».

Hommes et femmes inégaux devant l’antalgie

La recherche sur la différence d’efficacité des molécules antalgiques en fonction du genre est en plein essor. On s’est aperçu notamment que certains morphiniques (opioïdes) n’agissaient pas de la même manière, que l’on soit homme ou femme. En effet, les doses nécessaires pour produire une analgésie diffèrent, car la femme répondra mieux à des antalgiques ciblant plutôt ce que l'on appelle les "sous-récepteurs opiacés kappa". Or personne n’en a tenu compte et les antalgiques disponibles ont été développés à partir d’études conduites presqu’exclusivement chez des hommes ! « Sans se soucier de cette réponse différente aux antidouleurs, on s’est alors contenté chez la femme d’ajuster les doses en fonction de son poids, déplore Serge Marchand. Même si ces différences d’antalgie sont faibles, cela compte chez une femme souffrant de douleurs chroniques ».

Fort heureusement, une prise de conscience des différences entre les hommes et les femmes dans le champ de l’antalgie semble enfin émerger!