Infarctus du myocarde : mieux se soigner quand on est une femme

Chez la femme- et parce qu’elle est une femme- s’accumulent les retards dans la prise en charge de l’infarctus du myocarde. Convalescente, on lui propose aussi moins souvent une rééducation cardiaque, à laquelle elle renonce parfois d’elle-même. Le sexisme doit disparaître dans la prise en charge de l’infarctus, mais les femmes doivent de leur côté être plus à l’écoute de leur cœur. 
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Infarctus du myocarde : chaque minute compte, aussi chez la femme !

L’infarctus du myocarde est une urgence cardiologique ; intervenir dans les trois heures permet au cœur de récupérer entièrement. Or, tous les délais de prise en charge sont allongés chez la femme, à commencer par les examens diagnostiques : le laps de temps entre la plainte et le diagnostic par électrocardiogramme (ECG) aux Urgences, qui devrait être de moins de dix minutes, n’est tenu que chez 29% d’entre elles contre 38% chez les hommes. Une étude au Canada a montré que les hommes passaient en moyenne l’ECG en 15 minutes et les femmes en 21 minutes (1).

Ensuite, les recommandations préconisent un délai maximal de 30 minutes entre la douleur crée par l’infarctus et le début de la coronarographie, l’examen qui permet de visualiser les vaisseaux irrigant le cœur (les artères coronaires) et repérer l’endroit où le flux sanguin est bloqué. Toujours dans cette même étude, les délais sont de 28 minutes en moyenne pour l’homme et 36 minutes pour la femme.

Le troisième retard accumulé par la femme se situe entre le début de la douleur et la dilatation coronaire (l’angioplastie qui permet de nouveau au cœur d’être oxygéné). Le délai optimisé que les cardiologues cherchent à respecter est de 90 minutes. Dans cette étude, les délais sont de 93 minutes en moyenne pour l’homme et 106 pour la femme.

Dr Aurélie Veugeois, cardiologue interventionnelle (Institut Mutualiste Montsouris) : « A tous les niveaux, les femmes -encore plus que les hommes- sont « hors délais », selon les standards de qualité. Du seul fait du sexe féminin, on tarde près de 10 minutes de plus à vous soigner alors même que le diagnostic d’infarctus du myocarde est posé ! »

Moins de techniques invasives chez la femme en cas d’infarctus du myocarde

Non seulement l’examen diagnostic de référence qu’est la coronarographie est retardé chez la femme, mais dans certains formes d’infarctus (dites « nstemi » pour infarctus du myocarde sans élévation du segment ST) on le pratique moins comparé aux hommes : dans 48% des cas contre 66%. Pourquoi ? D’une part, les patients ne présentant pas de douleur thoracique ont 59 % moins de chance de bénéficier de l’angioplastie primaire. Or les présentations atypiques sont plus fréquentes chez les femmes. D’autre part, à facteurs de risque égaux, la femme sera plus souvent considérée à bas risque que l’homme.

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Source : (1) Pilote L et al., Canadian Medical Association Journal, 2014 ; (2) Observatoire CASSANDRE « Causes, Analyse de la Sous-évaluation des Syndromes coronaires Aigus et des Disparités en France chez les femmes » (juillet et sept 2011) ; (3) BEH N° 5 | 4 Février 2014
D’après un entretien avec le Dr Aurélie Veugeois, cardiologue interventionnel unité Cardiologie médicale et interventionnelle (Institut Mutualiste Montsouris)