Lymphoedème secondaire : quand l’après cancer est une nouvelle épreuve
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Surpoids, sédentarité et infections sont des facteurs de risque

Mais comment expliquer qu’une personne développe ou non un lymphœdème post cancer ? Plusieurs facteurs de risque du lymphœdème ont été identifiés : les facteurs de risque classiques comme le curage ganglionnaire, la radiothérapie et les chimiothérapies agressives mais aussi d’autres paramètres.

Le premier est le poids : "les patient·e·s en surpoids ou qui prennent du poids après un cancer développent plus de lymphœdème que les autres, car le tissu adipeux est intimement lié au système lymphatique et a tendance à 'étouffer' les canaux lymphatiques" détaille la docteure Malloizel-Delaunay.

Le deuxième est la sédentarité : "le manque d’activité sportive est lié à une survenue plus fréquente de lymphœdème et, au contraire, le sport améliore le retour veino-lymphatique" ajoute la spécialiste.

Un troisième facteur est la survenue d’infections à répétition : toute blessure crée une porte d’entrée pour une infection qui crée une inflammation locale et surcharge le système lymphatique, aggravant le lymphoedème.

Il est primordial de réaliser une éducation thérapeutique à ce sujet et d’encourager les patient·e·s à ne pas prendre de poids, à pratiquer une activité physique et à désinfecter puis surveiller toute plaie.

"Pour cela, il faut que la prévention débute le plus tôt possible. Problème : pendant la phase aiguë du cancer, les patient·e·s ont tellement d’éléments à intégrer et à gérer que lorsque les médecins leur parlent du risque de lymphœdème, ils ou elles ne seront pas forcément très réceptifs" observe la docteure Julie Malloizel-Delaunay. Un important travail de formation des soignants de premier recours (médecins généralistes, kinésithérapeutes, infirmiers et infirmières) des oncologues et des radiothérapeutes est donc réalisé pour qu’ils puissent repérer les premiers symptômes et orienter les personnes concernées vers un service de lymphologie.

Un bandage pour "essorer" le lymphoedème

Puis, rapidement après le diagnostic vient la prise en charge médicale. "Le traitement de base consiste en un bandage qui permet de réduire le gonflement, comme s’il venait 'essorer l’éponge' qu’est le lymphœdème" décrit la spécialiste. Ce procédé oblige la lymphe à repartir dans le système lymphatique.

Il peut s’accompagner d’un drainage lymphatique, réalisé par un·e kinésithérapeute ou par le ou la patient·e lui-même ou elle-même. "Malheureusement, l’efficacité du drainage reste très temporaire et l’œdème revient en deux ou trois heures s’il n’est pas associé à un bandage ou au port d’une compression" constate la médecin.

À défaut de réel traitement curatif, la seule option consiste donc à associer drainage et bandage, et à relayer le bandage avec un manchon (pour le bras) ou un bas (pour la jambe) de compression.

"Le meilleur réflexe à adopter est de porter au maximum le manchon ou le bas de compression et de réaliser un bandage en cas de gonflement" propose la docteure Malloizel-Delaunay. De cette façon, le lymphœdème n’est pas une fatalité grâce à la compression qui reste la solution la plus efficace pour enrayer le gonflement lorsqu’elle est associée aux règles d’hygiène et de diététique, en attendant la mise au point de traitements curatifs qui font actuellement l’objet de recherches médicales.

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Source : Merci à la docteure Julie Malloizel-Delaunay, spécialiste en lymphologie au Service de Médecine Vasculaire du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Toulouse Rangueil. 
Lymphœdème. Institut national du cancer, site consulté le 19 octobre 2018
Prise en charge du lymphœdème secondaire du membre supérieur après un cancer du sein. Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS), mise à jour le 4 mars 2014 
Lymphœdème : après le cancer, une nouvelle épreuve pour des milliers de patientes. Communiqué de presse Sigvaris Lymphologie, octobre 2018
Exérèse du ganglion sentinelle. Institut national du cancer, site consulté le 19 octobre 2018