Mort subite du nourrisson: nouvelles recommandations pour l'éviter
On parle de mort subite du nourrisson lorsque, après un bilan approfondi post-mortem et une autopsie, aucune cause n'a été retrouvée pouvant justifier le décès. « C'est comme si le bébé ne parvenait pas à se réveiller pour réagir à un stress vital pendant son sommeil », précise Odile Pidoux, néonatologue au CHU de Montpellier. Actuellement, en France, environ 200 bébés décèdent de mort subite durant leur sommeil contre 1500 avant 1992, date à laquelle une méta-analyse a montré un lien entre ce phénomène et le couchage sur le ventre. Pour diminuer les risques, plusieurs recommandations ont été édictées.
Les 6 recommandations pour éviter la mort subite du nourrisson
- Coucher les bébés sur le dos
La première est de coucher les bébés sur le dos dès leur naissance jusqu'à ce qu'ils soient capables de se retourner tout seuls. « Le couchage à plat dos n'est pas une mesure à la mode comme on l'entend parfois, c'est une mesure préventive qu'il faut suivre quelle que soit la période de sommeil du bébé, sieste, transport, nuit... », insiste Odile Pidoux. Un message insuffisamment relégué : on estime que seulement 60% des enfants sont systèmatiquement couchés sur le dos.
- Proscrire la position ventrale
Coucher les nourrissons sur le ventre pour éviter la mort subite les expose à un risque d'enfouissement dans la literie, de plus, l'air est mal renouvelé car les bébés sont confinés et leur régulation thermique modifiée. Dans cette position, le risque de régurgitation est plus important, et le mécanisme d'éveil, indispensable en cas de stress, diminué : les bébés ont plus de difficultés à initier un mouvement de tête permettant de dégager leurs voies aériennes. La position latérale n'est pas bonne non-plus car les bébés peuvent basculer facilement sur le ventre.
- Supprimer la cigarette
15 à 20% des femmes fument pendant la grossesse. Or, la nicotine agit in utéro sur le système nerveux central, elle est responsable d'une diminution de la réponse ventilatoire et d'une augmentation des apnées. Elle modifie également la régulation du contrôle cardio-respiratoire, rendant l'enfant plus vulnérable. Le tabagisme passif, quant à lui, accroit le risque de développer des infections respiratoires. Autant de facteurs de risques pouvant entrainer une mort subite du nourrisson.
- Prévoir un environnement sécurisé
Autre mesure anti mort subite du nourrisson : Il est conseillé de mettre les bébés dans une gigoteuse adaptée à leur taille et à la saison, de les installer dans un lit à barreaux avec un matelas ferme, sans couette. Les objets de vidéosurveilance à distance ne protègent pas, ni les matelas respirant ou les détecteurs d'apnée, au contraire, ils peuvent constituer un risqué de mort subite. Mettre les peluches, draps, oreillers... hors du lit du bébé, il peut s'étouffer avec. La température de sa chambre doit se situer entre 18 et 20° maximum.
- Eviter le cosleeping
Nombreux sont les parents ou les frères et soeurs qui ont envie de dormir avec les bébés. Attention : le “cosleeping” multiplie le risque de mort subite du nourrisson par 4. « Il suffit que les parents soient fatigués ou qu'ils aient un peu bu lors d'une soirée pour qu'ils ne se rendent pas compte que la tête du bébé est enfouie sous eux, explique Odile Pidoux. Le partage de la chambre des parents est recommandée jusqu'à 6 mois mais pas le lit. En Finlande, pour garder leurs bébés à leurs côtés, les parents les mettent dans une structure rigide (sorte de boite rectangulaire en carton) qu'ils déposent sur le lit parental. Dans ce pays, le taux de mort subite du nourrisson est très faible!
- Dégager ses voies aériennes
Lorsqu'on transporte un bébé pendant son sommeil, il faut veiller à lui laisser toujours la tête dégagée pour qu'il puisse respirer correctement. Gare aux écharpes de portage dans lesquelles les bébés sont confinés, tête fléchie, aux coussins d'allaitement sur lesquels ils risquent de glisser et de coincer leur tête. En cas de fièvre, il faut découvrir le bébé et le faire boire régulièrement, ne pas le prendre dans son lit mais le garder sur le dos dans la même chambre pour le surveiller.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.
Intervention de Odile Pidoux, néonatologue au CHU de Montpellier.