Schizophrénie
Schizophrénie : Comprendre
Le cerveau a de multiples fonctions.
Entre autres, il nous permet d'avoir des perceptions adéquates, c'est-à-dire d'entendre, de voir et de ressentir les choses telles qu'elles sont. Il nous permet aussi de porter un jugement sain sur les événements et nous rend capable de dire et faire des choses cohérentes et sensées.
La schizophrénie touche 1 % de la population mondiale. Les symptômes aigus se manifestent d'habitude au début de l'âge adulte, entre 17 et 23 ans chez les hommes et entre 22 et 27 ans chez les femmes.
Chez un schizophrène en phase aiguë de la maladie, toutes ces fonctions sont perturbées et la personne n'agit plus normalement.
Toutefois, les études scientifiques tendent à démontrer que la maladie commence plus tôt, à l'adolescence, par des symptômes annonciateurs et persistants (troubles cognitifs et symptômes dits "négatifs"). Ils s'installent graduellement, environ un à deux ans avant que les symptômes aigus de la schizophrénie ne se manifestent, et persistent tout au long de la maladie.
Symptômes annonciateurs et persistants
Troubles cognitifs
- troubles d'attention (un jeune toujours dans la lune, qui prend du temps à répondre aux questions qui lui sont posées). Il ne faut pas confondre cela avec l'hyperactivité, qui se manifeste beaucoup plus tôt dans l'enfance, souvent à l'âge préscolaire ;
- problèmes de concentration (il n'est plus capable de suivre ses cours, de faire ses examens) ;
- troubles de mémoire (il oublie les actes routiniers de la vie quotidienne qu'il faisait pourtant auparavant, comme oublier de faire ses devoirs).
Symptômes négatifs
- isolement (il se retire dans sa chambre, se coupe peu à peu de la réalité) ;
- alogie ou difficultés à converser (il ne trouve plus ses mots, donne des réponses brèves et évasives, cesse progressivement de communiquer) ;
- anhédonie ou perte du plaisir (il se retire progressivement de ses activités de loisirs, de détente, ne voit plus ses amis, devient asocial) ;
- apathie ou perte d'énergie (il passe ses journées devant la télé, sans vraiment être capable de suivre ce qui s'y déroule, néglige son hygiène et son apparence personnelle, manque d'énergie ou d'intérêt pour commencer ou achever des tâches usuelles - études, travail, ménage - ce qui donne une impression d'insouciance, de manque de volonté).
Symptômes aigus de la schizophrénie (pendant au moins un mois)
- perturbations des perceptions ou hallucinations, présentes dans 75 % des cas (le plus souvent auditives : entendre une voix qui fait des commentaires ou dit des insultes, mais parfois aussi visuelles ou tactiles) ;
- délires ou erreurs de jugement logique, présents dans 75 % des cas (s'imaginer que la personne qui me regarde dans l'autobus ou qui attend en file derrière moi est là pour m'espionner ; croire que la télévision m'envoie des messages ; être convaincu d'avoir des pouvoirs surnaturels ou que les autres peuvent lire dans mes pensées, etc.) ;
- langage incohérent, présent dans 55 % des cas (dire des phrases sans suite, inventer des mots) ;
- agissements aberrants, présents dans presque 100 % des cas (se promener nu dans la rue, collectionner des bouteilles d'eau vides, garder toujours la maison dans la pénombre, par crainte d'être espionné, etc.).
Les symptômes négatifs deviennent persistants, pendant plus de six mois, entraînant des perturbations importantes de la vie sociale, notamment scolaire, universitaire ou familiale.
Schizophrénie : Causes
Anomalie génétique
Environ 50 % des cas de schizophrénie résultent d'une anomalie génétique, donc héréditaire, affectant le développement du cerveau pendant la grossesse, entraînant des perturbations cognitives, psychomotrices ou comportementales frustes, qui ne s’exprimeront que plus tard, en fonction du développement de l’enfant.
Les risques de développer la schizophrénie sont de :
- 5 % si on a un proche parent qui en souffre (oncle, cousin, grand-parent) ;
- 10 % s'il s'agit de la mère, du père, d'un frère ou d'une sœur ;
- 33 % si les deux parents sont atteints ;
- Chez les jumeaux identiques, l'un aura 50 % (et non 100 %) de risque de devenir schizophrène si l'autre a la maladie (ce qui démontre l'importance de l'aspect génétique, mais aussi l'influence de l'environnement).
Problème durant la grossesse ou l'accouchement
Les chercheurs savent maintenant que, dans environ 50 % des cas, un problème survenu entre le troisième mois et le sixième mois de la grossesse (infection chez la mère, ne serait-ce qu'une grippe, abus de drogue ou d'alcool, malnutrition sévère) ou à l'accouchement (naissance difficile, manque de tonus du bébé) risque de causer une lésion au cerveau - non détectable - et d'empêcher le développement normal, notamment de l'hippocampe.
Mauvaise connexion cérébrale
L'enfant né avec de telles lésions cérébrales grandit sans problème jusqu'à l'adolescence. À cette période, une connexion normale chez tous les humains se fait notamment entre l'hippocampe et les lobes frontaux. Ces derniers ont notamment pour fonction de donner la capacité de reconnaître les besoins d'autrui et de planifier à long terme. Comme l'hippocampe est "défectueux", la connexion se fait sur un mauvais circuit et "endommage" les lobes frontaux, causant ce qu'on appelle une hypofrontalité. C'est là qu'apparaissent les symptômes annonciateurs et persistants de la maladie.
Facteurs déclenchants
Une lésion cérébrale ne dégénérera pas nécessairement en schizophrénie, facteur génétique ou pas. L'environnement a une influence véritable et certains éléments provoquent, chez un adolescent dont le cerveau est plus vulnérable à la psychose, l'apparition des symptômes aigus de la maladie : la consommation de drogues, des émotions trop intenses (agressivité, colère, hostilité, critiques, joie, rapprochement affectif) ou une accumulation de stress (déménagement, adaptation à l'école, examens difficiles, nouveaux amis, rupture amoureuse, etc.).
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