Traiter l’hypertension artérielle : le soin anti-âge des artères

Hypertension artérielle : 55% des hypertendus insuffisamment traités
En 2015, vis-à-vis de la pression artérielle, seuls 55% des plus de 55 ans étaient à moins de 135 millimètres de mercure (mmHg). Il s’agit de la valeur cible à atteindre en automesure pour la pression systolique. Elle correspond à la pression dans les artères au moment où le cœur se contracte et éjecte le sang dans le réseau artériel. C’est un léger mieux (35% en 2002, 50% en 2007) mais encore loin de l’objectif de 70% des pouvoirs publics !
61% des plus de 80 ans atteignent l’objectif de pression artérielle fixé à 145mmHg pour cette tranche d’âge.
Les jeunes sont plus souvent à l’objectif car le vieillissement a moins altéré leurs artères ; le traitement antihypertenseur est donc plus efficace chez eux. Les femmes aussi sont franchement mieux contrôlées (60% contre 51% chez les hommes de plus de 55 ans). L’une des explications est que les antihypertenseurs qui n’existent qu’en dosage unique sont plus efficaces chez elles car leur poids est plus faible.
Pr Xavier Girerd, cardiologue, Service d’Hypertension Artérielle et de prévention des maladies cardiovasculaires (Hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris) et coordinateur de FLASH 2015 : « Aux Etats-Unis, le contrôle d’une tension artérielle élevée est bien meilleur qu’en France. Probablement parce que le système d’assurances privées sensibilise les patients à la valeur de l’acte médical et les incitent à prendre leur traitement. De plus, la France est le seul pays au monde où les autorités de santé refusent la commercialisation des trithérapies anti-hypertensives qui rendraient pourtant bien des services vis-à-vis de la pression artérielle. Il s’agit de l’association de trois antihypertenseurs*. Opposition française aussi à rembourser l’arrivée d’un nouvel antihypertenseur, l’azilsartan, alors qu’elle a montré d’excellents résultats dans une grande étude (SPRINT ; 2015). C’est pourquoi (en partie) nous avons des difficultés à traiter les hypertendus, surtout âgés. »
L’hypertension artérielle, maladie des plus de 55 ans
Aujourd’hui, 82% des hypertendus français ont plus de 55 ans et 30% dépassent les 80 ans. Si l’on vieillit de mieux en mieux, une très grande majorité d’entre nous ne peut échapper au vieillissement des artères (artériosclérose) dont le signe principal est l’hypertension artérielle. Celle-ci rigidifie les artères et limite leur distensibilité (leur capacité à se distendre) et provoque l’élévation de la pression systolique. L’autre cause de l’hypertension artérielle n’est pas, contrairement aux idées reçues, liée au stress de la vie quotidienne, mais est soit héréditaire (15% des hypertendus), soit favorisée par le mode de vie qui provoque surpoids-obésité (50% des hypertendus), en particulier par une consommation excessive d’aliments contenant du sel caché (pain, fromage, charcuterie) pour leur fabrication ou leur conservation.
Traiter l’hypertension artérielle permet de retarder le vieillissement artériel ; c’est l’anti-âge qui ralentit le déclin et surtout les complications liées à ce vieillissement (accidents cardiovasculaire et cérébro-vasculaires, insuffisance cardiaque, maladies coronaires).
Enquête FLASH 2015 « Contrôle de l’HTA en France métropolitaine évalué par l’automesure/Comité français de lutte contre l’HTA : www.comitehta.org et www.sfhta.eu
D’après un entretien avec le Pr Xavier Girerd, cardiologue, Service d’Hypertension Artérielle et de prévention des maladies cardiovasculaires (Hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris)