Actes de violence : savoir en parler aux enfants selon leur âge
Le tout-petit : préserver, parler, rassurer…
Eviter de les traumatiser
Les enfants de moins de 6 ans doivent être préservés le plus possible des images ou des mots violents. Alors il faut éviter de les exposer aux informations télévisées et aux radios exposant un fait violent. Ce n’est pas toujours entièrement possible car on peut être pris par surprise, mais cela peut toujours être limité.
Parler, c’est essentiel
Lorsque les enfants perçoivent qu’il se passe quelque chose de grave, et c’est le cas dans un acte ou d’une menace terroriste, un attentat, et il faut leur en parler. Faire semblant que tout est normal ne fera que les angoisser. Ils perçoivent l’inquiétude des adultes et penseront « il se passe quelque chose de si grave que mes parents ne peuvent même pas m’en parler ». Il faut donc parler. Et surtout, ne pas chercher à en dire le plus possible. Dire l’essentiel, le minimum, et surtout ne pas aller dans des descriptions ou des précisions terrifiantes. Leur jeune esprit aurait du mal à supporter cela et ces explications pourraient laisser des traces mnésiques, des souvenirs émotionnels terrorisants, donc constituer un traumatisme psychologique. Ne pas hésiter non plus à dire sa peur, sa tristesse, sa colère. Cela rassure l’enfant de savoir que c’est normal de se sentir choqué, apeuré, triste…
Rassurer, toujours
Un enfant se sent fragile et il l’est. Il a donc davantage besoin de sécurité encore qu’un adulte. Ses parents sont donc là pour le rassurer. Il faut lui expliquer que les adultes sont là pour le protéger, ses parents, ses enseignants, la police, le président et les ministres : tous les adultes sont là pour protéger les enfants contre la violence. Lui dire : « nous ferons toujours TOUT, vraiment tout pour te protéger ». Insister aussi si c’est le cas, sur le fait que ça s’est passé loin de lui, dans une autre ville, un autre quartier.
Le décentrer par rapport à la violence des adultes
Un enfant a tendance à imaginer un monde centré sur lui. Il faut donc lui expliquer que tout cela n’a rien à voir avec lui, que ces événements violents concernent le monde des adultes et que lui peut continuer à jouer, à vivre sa vie.
Lui permettre d’en parler. Les parents peuvent lui expliquer que si cette violence le tracasse, il peut venir en parler. Cela lui permet d’exprimer ces peurs et de l’aider à les dénouer, à le rassurer.
Après 6 ans : protéger, expliquer, interroger, apporter des solutions, rassurer…
Quand l’enfant est âgé de plus de 6 ou 7 ans, il posera davantage de questions.
Eviter d’alimenter l’horreur
Même si l’enfant est plus grand, il faut éviter de l’exposer à des images sanglantes, des propos descriptifs insupportables. Cela est d’ailleurs valable pour les plus grands… et même pour les adultes. Se complaire dans ces descriptions d’actes de violence n’apporte que de l’angoisse et n’aide pas à réagir sainement.
Apporter des explications adaptées
Les explications doivent être adaptées à l’âge de l’enfant. Plus il est grand, plus il souhaitera des précisions et ne pas les lui donner pourrait l’angoisser. Mais il ne faut pas chercher à en dire davantage que ce qu’il demande ou que ce qui est nécessaire.
Rassurer l’enfant
Rassurer un enfant, c’est d’abord lui dire que ses parents feront tout pour le protéger, mais aussi lui parler de la cité ! Notre pays est organisé pour se protéger, pour protéger ses citoyens, dont ses parents et sa famille font partie.
L’interroger sur ce qu’il pense et ce qu’il ressent
Après 7 ans, on a passé l’âge de raison, et l’on pense beaucoup, de manière souvent très intelligente. Il est bon d’expliquer à un enfant que garder sa peur dans sa tête ou dans son cœur est un poison. Il lui faut parler de sa peur, car ensemble, on est plus fort pour lutter contre la peur. Parler aussi de sa façon de voir les choses, ses pensées sur le monde. Lui permettre de devenir acteur du monde, même s’il est encore enfant. Car les idées se construisent très tôt.
Lui parler des solutions
Parler à un enfant des solutions l’aide à surmonter la peur. Il ne s’agit pas seulement de lui expliquer la répression contre les personnes violentes pour le rassurer.
Il s’agit déjà de l’éduquer à agir pour un monde moins violent. C’est donc le moment de parler de la violence entre personnes, y compris à l’école.
Lutter contre la violence, c’est apprendre à respecter les autres, à ne pas accepter que d’autres que l’on connaît ne respectent pas d’autres élèves ou d’autres enfants.
Lutter contre la violence, c’est aussi accepter que d’autres ne pensent pas comme nous et soient pourtant des gens bien.
Lutter contre la violence, c’est agir pour la justice.
Il est capable de le comprendre. Lui montrer des idéaux est un puissant antidote de la violence.
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- Marie Aubinais : Les questions des tout-petits sur les méchants (à partir de 4 ans), aux éditions Bayard Jeunesse.
- Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée : « Ça fait mal la violence » aux éditions Gallimard Jeunesse. (La violence est aussi en nous, et parler aide à la faire partir)
- Nikolaï Popov. Pourquoi ? chez Minedition. (Thème de la guerre et du conflit)
- Claude K. Dubois « Akim court » aux éditions Pastel. (Un enfant dans la guerre)
Pour les adolescents (et adultes !) :
- Michel Fize. « Mais qu’est-ce qui se passe dans la tête des méchants ? » aux éditions Marabout.
- Jacques Semelin « La non violence expliquée à ma fille » aux éditions du Seuil.
- Stéphane Hessel et Dalaï Lama : « Déclarons la paix » aux éditions Indigène.