- 1 - Vers une nouvelle définition de l’anorexie mentale ?
- 2 - Anorexie mentale et tests : des patientes qui réagissent positivement à la maigreur
- 3 - Un trouble alimentaire plus addictif que phobique
- 4 - Perdre 300 gr de plus pour se sentir mieux
- 5 - L’espoir de nouvelles thérapeutiques contre l’anorexie
- 6 - La remédiation cognitive pour lutter contre les réflexes automatiques
Un trouble alimentaire plus addictif que phobique
Pour le Pr Philip Gorwood, chef de service de la clinique des maladies mentales et de l’encéphale à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), qui a conduit l’étude, ces résultats confirment l’idée que l’anorexie n’est pas une phobie -celle de prendre des kilos- mais relève d’une addiction au plaisir de maigrir. « On pourrait penser que c’est pareil car la finalité est la même : quand on a très envie de maigrir, on a peur de grossir. De la même manière que lorsqu’on est dépendant à l’alcool, on a très envie de boire parce qu’on a peur du manque. Sauf que ce ne sont pas les mêmes circuits cérébraux qui sont activés. Dans la phobie, c’est la zone de l’amygdale qui réagit très rapidement face à un stimulus qu’elle considère potentiellement dangereux ou angoissant. Dans l’addiction, c’est une autre région du cerveau, le striatum ventral, qui répond en mobilisant le circuit de la récompense ».
Perdre 300 gr de plus pour se sentir mieux
Une étude, basée sur l’IRM fonctionnelle du cerveau, avait déjà mis en évidence l’action du striatum ventral chez une vingtaine de patientes atteinte de cette maladie mentale. Non seulement le travail de l’Inserm renforce cette hypothèse d’ «une addiction sans drogue qui survalorise la maigreur » mais elle indique également que, parmi les quelques 70 gènes de susceptibilité impliqués dans l’anorexie mentale, un, le BDNF (qui intervient dans la survie des neurones et la neuroplasticité), pourrait avoir une influence majeure.
Pr Gorwood : « Il est délicat de parler de plaisir de maigrir dans une pathologie où les patientes sont en grande souffrance. Parlons plutôt d’un trouble de l’effet récompense. Ce qui motive leur comportement est la sensation que perdre 200 ou 300 gr de plus va leur permettre de se sentir mieux. D’où cette recherche désespérée de perdre toujours plus de poids ». Une chose est sûre, selon le spécialiste : « l’anorexie mentale commence toujours par un régime ».
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Conférence de presse Inserm « Anorexie : plaisir de maigrir plutôt que peur de grossir ?", 7 juin 2016, Paris.
Etude « Higher reward value of starvation imagery in Anorexia Nervosa and association with the Val66Met BDNF polymorphism », Clarke, Ramoz, Fladung, Gorwood, publiée dans Translational Psychiatry, juin 2016.