Cancer de la prostate : le cerveau aurait sa part de responsabilité
Dans une étude parue dans la revue Nature le 15 mai 2019, l'équipe Inserm Atip-Avenir dirigée par Claire Magnon révèle que le cerveau participe au développement du cancer, et plus particulièrement au cancer de la prostate. Il fabrique des cellules neuronales qui migrent vers la tumeur grâce au flux sanguin. Une fois arrivée, ces dernières alimenteraient la tumeur et participeraient alors à la prolifération des métastases. De plus, de nouveaux neurones se formeraient dans la tumeur .
Dans le cadre de cette recherche, Claire Magnon qui avait déjà mis en lumière la présence de fibres nerveuses dans les tumeurs de la prostate en 2013, a examiné 52 patients atteints de ce cancer. Elle a découvert cette fois-ci dans les tumeurs des cellules générant de la doublecortine (DCX), une protéine connue être produite lors de la création ou le renouvellement de neurones.
De plus, dans les cas étudiés, la quantité de cellules DCX+ est parfaitement corrélée à la sévérité du cancer. "Cette découverte étonnante atteste de la présence de progéniteurs neuronaux DCX+ en dehors du cerveau chez l’adulte. Et nos travaux montrent qu’ils participent bien à la formation de nouveaux neurones dans les tumeurs", explique Claire Magnon dans un communiqué.
Bientôt un traitement thérapeutique ?
Après cette première découverte, l'équipe a étudié des souris transgéniques, porteuses de tumeurs et a mesuré la quantité de cellules DCX dans le cerveau. Elle a constaté que leur nombre avait diminué au sein de l'organe. "Il y avait deux explications : soit les cellules DCX+ mourraient dans cette région sans qu’on en connaisse la cause, soit elles quittaient cette zone, ce qui pouvait expliquer leur apparition au niveau de la tumeur", ajoute la scientifique.
Différentes expériences ont montré que cette seconde hypothèse était la bonne. Les cellules neuronales se déplacent en traversant la barrière hémato-encéphalique (barrière entre la circulation sanguine et le système nerveux central), normalement imperméable.
"Rien ne permet pour l'instant de savoir si ce problème de perméabilité précède l’apparition du cancer sous l’effet d’autres facteurs, ou si elle est provoquée par le cancer lui-même, via des signaux issus de la tumeur en formation", poursuit la chercheuse. Toutefois, cette découverte ouvre une nouvelle piste de traitement thérapeutique, en particulier avec l'utilisation de bêtabloquants. "Il serait intéressant de tester ces médicaments en tant qu’anticancéreux" estime la chercheuse. L'Inserm précise que deux essais cliniques allant dans ce sens ont récemment ouvert aux États-Unis.
Quels sont les symptômes du cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est le type de cancer le plus fréquent chez les hommes et le troisième en termes de mortalité avec 9000 décès (2011). Toutefois traité à un stade initial, les taux de survie sont de 100% .
Cette maladi e qui se déclare le plus souvent après la soixantaine, évolue très lentement. Localisée dans la prostate, la tumeur a par ailleurs des effet limités. Les symptômes des patients atteints sont le plus souvent des troubles urinaires et érectiles.
Il est conseillé aux hommes âgés entre 50 et 75 ans de faire un dépistage surtout si il y a des antécédents dans la famille.
Au-delà de 75 ans, les cancers de la prostate étant d’évolution lente (10 à 15 ans), le risque de décéder de cette maladie est faible au vu de l’espérance de vie.
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Inserm Atip-Avenir dirigée par Claire Magnon à l'Institut de Radiobiologie cellulaire et moléculaire, dirigé par Paul-Henri Roméo (CEA, Fontenay-aux-Roses)
Laboratoire de Cancer et Microenvironnement, Equipe Atip-Avenir, UMR967 Inserm/IBFJ-iRCM-CEA/Université Paris 11/Université Paris Diderot, Fontenay-aux-Roses
Etudes américaines : Beta Adrenergic Receptor Blockade as a Novel Therapy for Patients With Adenocarcinoma of the Prostate et Propranolol Hydrochloride in Treating Patients With Prostate Cancer Undergoing Surgery