- 1 - Quelle est cette relation entre cancer du sein et prise du poids ?
- 2 - Quelles sont les causes de la prise de poids après un cancer ?
- 3 - Toutes les femmes sont-elles égales face à cette prise de poids ?
- 4 - La prise de poids détériore-t-elle le pronostic du cancer ?
- 5 - Comment expliquer l'influence du poids sur le pronostic du cancer du sein ?
- 6 - Que peut-on faire pour conserver un poids normal ou pour ne pas grossir ?
- 7 - Quelles sont les recommandations actuelles ?
Comment expliquer l'influence du poids sur le pronostic du cancer du sein ?
Dr David Elia : Il est probable que cette relation s'explique par l'augmentation de la sécrétion de l'insuline, inhérente au surpoids. Un facteur de croissance nommé IGF-1 interviendrait également en stimulant les cellules malignes. Parallèlement, l'excès de tissus adipeux (graisseux) entraîne une production élevée d'estrogènes (à partir des androgènes surrenaliens), hormones stimulant la prolifération des cellules cancéreuses. Ainsi, les femmes obèses, même si elles sont ménopausées, présentent des taux d'estrogènes circulants plus élevés que les femmes sans surpoids. Nous savons que c'est un des mécanismes de l'augmentation du risque de décès et du risque de récidives.
Que peut-on faire pour conserver un poids normal ou pour ne pas grossir ?
Dr David Elia : Certaines études ont porté sur deux stratégies : diminuer la quantité de graisse quotidienne apportée par l'alimentation ou augmenter la quantité de fruits et légumes. Dans le premier cas, l'objectif était de réduire les graisses alimentaires à moins de 15% des apports quotidiens (ce qui est très contraignant : l'alimentation de la plupart d'entre nous comprend 30-35% de lipides, voire 40%). Cinq ans plus tard, le risque de récidives a diminué de 24% par rapport aux femmes qui n'ont rien changé à leur alimentation. Si l'on considère que certaines femmes ont des récepteurs dits hormonaux positifs (la majorité des femmes, 80-90%) et d'autres des récepteurs hormonaux négatifs, les choses se compliquent : les premières ont une réduction du risque de récidives de 15% (ce qui est très peu par rapport à la sévérité du régime) et les secondes de 42%. Autrement dit, le bénéfice d'une réduction des graisses alimentaires est important pour une minorité de femmes et modeste pour la majorité, sans que l'on comprenne pourquoi. Le second protocole comprenait deux groupes : un premier groupe de femmes était assigné à suivre un régime alimentaire comprenant 5 fruits et légumes par jour, 30% maximum de graisses et 20g de fibres. Dans le deuxième, les femmes ont un régime encore plus contraignant avec 5 portions par jour de légumes, 3 portions de fruits, 1 jus de fruits, 15 à 20% de graisses et 30% de fibres. Les femmes qui adhèrent parfaitement au premier régime et qui pratiquent une activité physique ont une diminution de moitié du risque de récidives par rapport aux femmes ayant continué à manger normalement. Le second régime n'apporte pas de bénéfice supplémentaire, d'autant plus qu'après 7 ans, l'adhésion aux recommandations est très médiocre. Autrement dit, inutile d'imposer un régime très sévère, lequel risque de ne pas être suivi. Augmenter sa consommation de fruits et légumes à 5 portions par jour et réduire ses apports en graisses à 30% est largement suffisant pour en retirer un avantage. On retrouve cette même notion avec l'activité physique : elle est bénéfique à dose modérée, tandis qu'une pratique très intense n'a pas beaucoup d'intérêt supplémentaire, à moins d'avoir une obésité importante.
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