- 1 - Le nombre de cancers du sein avant 50 ans est en constante augmentation. Comment savoir si on doit se faire dépister avant cet âge ?
- 2 - Pourquoi arrêter le dépistage du cancer du sein à 75 ans ? Beaucoup de cancers du sein commenceront après cet âge.
- 3 - Quels conseils donner aux patientes pour choisir une bonne équipe ?
- 4 - En deux mots, quelles sont les grandes avancées récentes dans la prise en charge de ce cancer ?
Quels conseils donner aux patientes pour choisir une bonne équipe ?
Le président de l'Institut du cancer a déclaré qu'il existait en cancérologie des centres d'excellence et des mauvais centres.
Dr Hubert Crouet : Il faut laisser au président de l'INCa la responsabilité de ses propos. La définition de ce qu'est un "bon" ou un "mauvais" centre reste à débattre et les critères à définir. La cancérologie est, comme la médecine, trop complexe pour être résumée de façon binaire "bon ou mauvais" : un bon chirurgien est-il celui qui opère beaucoup, qui pose de bonnes indications ou qui sélectionne ses patientes, qui explique bien ou qui n'est que bon technicien, qui assure la suite du traitement ou celui dont les résultats en termes de morbidité et de mortalité sont les meilleurs ? Le conseil que l'on peut donner à une patiente est de s'adresser à l'équipe et aux médecins dans lesquels elle a confiance, quels que soient les éléments sur lesquels est basée cette confiance. Un certain nombre de critères doivent permettre d'asseoir cette confiance et ils sont plus en rapport avec des aspects humains qu'avec des considérations techniques : - choisir une équipe qui prend en charge, annuellement, un nombre suffisant de patients et, pour la chirurgie, des chiffres d'activité minimale seront sans doute publiés prochainement par l'INCa ;- choisir des praticiens qui travaillent en équipe regroupant toutes les facettes du diagnostic et du traitement (sénologie, chirurgie, radiothérapie, oncologie). Cela peut être dans un centre unique ou dans des centres complémentaires travaillant en réseau ;- choisir des praticiens qui laissent des portes ouvertes dans les choix thérapeutiques et qui, au besoin, autorisent et tiennent compte d'un second avis.
En deux mots, quelles sont les grandes avancées récentes dans la prise en charge de ce cancer ?
Dr Hubert Crouet : L'avancée la plus importante est sans doute la diffusion puis la généralisation du dépistage. La découverte de tumeurs de plus en plus petites à des stades de plus en plus précoces modifie considérablement le pronostic et les modalités des traitements. Ce développement du dépistage a également entraîné une amélioration du diagnostic. Les appareils de radiologie sont maintenant contrôlés, les radiologues et les manipulateurs formés à la sénologie. Des avancées techniques sont nées de cette meilleure analyse des images, en particulier des moyens de prélèvements non chirurgicaux plus performants. Cette amélioration des conditions du diagnostic relativise les progrès thérapeutiques.
En ce qui concerne la chirurgie, les avancées vont vers une limitation de l'agressivité et, si l'ablation du sein reste parfois nécessaire, la limitation des prélèvements ganglionnaires par la technique du "ganglion sentinelle" est une réduction considérable des inconvénients liés à la chirurgie du cancer du sein. Les traitements médicaux sont, eux, à l'inverse, de plus en plus souvent proposés et les chimiothérapies actuelles comportent des drogues dont la toxicité à court et long terme n'est pas nulle. Il importe, pour chaque patiente, d'essayer d'apprécier avec ses médecins, le bénéfice réel escompté chez elle de ces traitements et ce d'autant que les facteurs de pronostic sont favorables sur des tumeurs découvertes par dépistage. L'avenir est sans doute à des thérapeutiques adaptées, non pas à la patiente comme certains se plaisent à le dire, mais à sa tumeur. Les caractéristiques biochimiques et génétiques de chaque tumeur sont de mieux en mieux étudiées et on mettra probablement au point des traitements spécifiques de ces tumeurs. Cette recherche des "thérapeutiques ciblées" n'en est qu'aux balbutiements, même si un médicament de ce type est déjà commercialisé à grand renfort de battage médiatique. Ces traitements ne s'adressent et ne s'adresseront qu'à des patientes dont la tumeur présente certaines caractéristiques, ce qui ne représente, pour l'Herceptine par exemple, qu'une faible proportion de femmes. Par ailleurs, leur efficacité et leur toxicité à long terme sont mal connues. Et enfin, leur utilisation prolonge de façon importante la durée des traitements.
(1) Le Dr Hubert Crouet est gynécologue et responsable des Unités de Sénologie et d'Oncologie Gynécologique au Centre François Baclesse, CRLCC de Basse-Normandie, CAEN.
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