Castration chimique des pédophiles
Les scandales sexuels se succèdent et se répètent à un rythme de plus en plus alarmant. Cette progression semble liée à la levée du tabou et à la libération de la parole des victimes. Et quelle qu'en soit la cause (ou les causes), la médiatisation de ces faits crée le sentiment d'une explosion des délits sexuels. « Dans les prisons, 22% des condamnés le sont pour des infractions sexuelles, dont les trois quarts pour des viols sur mineurs. En 1980, ils étaient 1.100, soit 5% de la population carcérale. En 2004, leur nombre atteint 8.200. Quant aux récidives, les chiffres sont beaucoup moins précis, mais on sait qu'elles sont importantes
C'est ainsi que la décision a été prise : le traitement médicamenteux permettant la castration chimique va être expérimenté sur 48 délinquants sexuels. Conformément à la loi Huriet qui interdit toute recherche sur les personnes incarcérées, les volontaires ne seront pas des détenus, mais des personnes libérées après avoir purgé une partie de leur peine, et assujetties à un suivi socio-judiciaire avec adjonction de soins. Les sujets étudiés seront des récidivistes dont le comportement d'agression sexuelle n'aura pas pu être traité efficacement par les approches psychothérapeutiques et pharmacologiques classiques. Ils devront également avoir reconnu leurs actes.
Deux produits seront utilisés : la cyprotérone et la leuproréline, des antiandrogènes qui agissent sur les hormones et qui sont actuellement indiqués dans le traitement du cancer de la prostate.
L'étude débutera en janvier 2005, pour une période 24 mois. L'objectif est de tester l'efficacité du traitement, mais également d'obtenir une autorisation de mise sur le marché pour cette indication. Si aucune rechute n'est observée, ces molécules pourront être systématiquement proposées aux délinquants sexuels ne pouvant maîtriser leurs pulsions. Une précision : malgré le terme de « castration chimique » qui est parfois employé, ce traitement n'est aucunement irréversible. S'il agit en baissant la libido, cet effet cesse lorsqu'on arrête de prendre ce médicament. Inversement, pour un effet durable, il doit être pris au long cours. Par ailleurs, il est souligné qu'il ne s'agira pas d'imposer ce traitement par la force. Et aucun des pays pratiquant ce traitement chimique ne l'impose aux condamnés sans leur accord.
Cette technique est notamment autorisée en Allemagne depuis 1969, au Danemark depuis 1989 et aux Etats-Unis depuis 1996.
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