Les conséquences du voisinage entre cellules tumorales et cellules saines
La transformation des cellules saines en cellules tumorales peut aussi avoir une origine mécanique
Les relations entre les cellules tumorales et leur microenvironnement direct sont l’objet de questionnements scientifiques majeurs : quelle influence ce microenvironnement a-t-il sur le développement des tumeurs ? Comment les cellules tumorales le manipulent-elles pour réduire l’action du système immunitaire ? Pour stimuler la formation de nouveaux vaisseaux sanguins ?... Bien souvent les chercheurs décryptent des signaux purement moléculaires : telle cellule produit une protéine X, qui agit sur telle autre cellule voisine avec un effet Y… Des travaux récents soutenus par la Fondation ARC montrent que les relations entre cellules ne sont pas uniquement régies par des signaux moléculaires.
L’équipe dirigée par Emmanuel Farge à l’Institut Curie s’est en effet intéressée au rôle que pourrait jouer la pression dans l’extension des tumeurs solides. L’idée vient d’un constat simple : quand des cellules tumorales se multiplient et forment une masse de plus en plus volumineuse, elles imposent une pression sur les cellules voisines, restreintes dans le volume d’un organe qui n’est pas extensible à volonté ! L’avancée majeure des travaux publiés dans la revue Nature réside dans la description de cette action purement mécanique sur des cellules saines : la simple compression est responsable d’une entrée progressive des cellules saines dans la voie de la transformation en cellules tumorales. Leur décryptage a aussi percé à jour les voies moléculaires activées en cascades dans les cellules saines « comprimées » et en particulier les voies qui provoquent leur transformation en cellules cancéreuses.
De nouvelles cellules cancéreuses induites mais différentes de la tumeur originelle
Ainsi, c’est une action en chaîne qui commence de cette manière : une tumeur, par son action mécanique, entraine les cellules saines voisines à se multiplier sans contrôle et donc à amplifier la compression sur les cellules un peu plus éloignées de la tumeur originelle, et ainsi de suite de proche en proche. Un détail capital surgit dans ce modèle d’expansion de la tumeur : n’ayant pas la même origine, les nouvelles cellules cancéreuses induites sous la pression et les cellules de la tumeur originelle ne portent, a priori, pas les mêmes anomalies moléculaires. Il est donc fort probable que les deux types cellulaires ne soient pas sensibles aux mêmes thérapies ! Un détail, donc, mais qui pourrait bien expliquer nombre de phénomènes de résistance aux traitements et de récidives.
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