Diabète de type 2 : attention aux hypoglycémies !

La Journée mondiale du diabète a lieu le 14 novembre. L’occasion de se pencher sur le problème du contrôle de la glycémie tout en évitant les hypoglycémies, un risque encore négligé dans le diabète de type 2. Or les hypoglycémies sévères ont des conséquences parfois très graves, avec un risque d’hospitalisation, d’accidents de la circulation, de décès etc. En prendre conscience permet de les éviter.
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Le malade du diabète de type 2 n’est pas à l’abri des hypoglycémies

L’hypoglycémiesurvient lorsque le taux de sucre dans le sang (glycémie) est trop bas (<0,6 g/l). Hantise permanente des diabétiques de type 1, on pensait que les malades du diabète de type 2 (soit 90% des diabètes, liés pour la majorité à une mauvaise hygiène de vie) étaient épargnés par ce risque hypoglycémique. C’est loin d’être le cas. En 2013, une étude pionnière, française, conduite par le Pr Serge Halimi (Grenoble) a révélé l’ampleur du risque d’hypoglycémieet notamment des hypoglycémies sévères -les plus graves- chez les diabétiques de type 2 : 1% est victime d’une hypoglycémie sévère chaque année. Soit 20 à 30 000 hypoglycémies sévères si on extrapole à tout le territoire !

D’autres études ont confirmé que les hypoglycémies entraînaient un risque accru d’hospitalisations et de décès de toutes causes. Or, les hypoglycémies légères peuvent passer inaperçues et, bien souvent, les soignants ne sont pas au courant des hypoglycémies sévères alors qu’elles existent bel et bien. Dans l’étude française Dialog, 43,6% des diabétiques de type 2 sous insuline ont eu au moins une hypoglycémie mineure dans le mois. Une autre étude européenne (GAPP2) avait estimé que 78% avaient fait au moins une hypoglycémie légère à modérée dans les trente derniers jours.

Ces hypoglycémies –même si elles ne sont pas sévères - ne sont pas à négliger : elles sont fréquentes et handicapantes pour les diabétiques.

Pr Serge Halimi, diabétologue (Univ. Joseph Fourier de Grenoble) : « La personne diabétique doit informer son médecin d’épisodes d’hypoglycémies, légères ou sévères, afin qu’il ajuste le traitement pour les éviter le plus possible. Une idée reçue doit disparaitre : ce n’est pas parce que le diabète est très déséquilibré –avec glycémie très élevée- que la personne n’est pas à risque de faire une hypoglycémie ; au contraire, chez ces personnes moins bien contrôlées pour leur diabète, les conséquences des hypoglycémies sont encore plus graves, en terme de décès et d’accidents cardiovasculaires ».

Diabète de type 2 : quelles sont les causes d’hypoglycémie ?

On ne tombe pas en hypoglycémie par hasard :

  • L’insuline, les molécules antidiabétiques (essentiellement les sulfamides et le répaglinide) sont les principales pourvoyeuses d’hypoglycémies dans le diabète de type 2. Ces traitements entraînent une sécrétion d’insuline non régulée par la glycémie du moment, et non adaptée aux besoins (apports alimentaires, efforts physiques). L’insuline sera donc sécrétée quel que soit le niveau de glucose dans le sang, et fera baisser dangereusement la glycémie.

En revanche, d’autres molécules comme les gliptines, les incrétines, l’acarbose (peu utilisée en France) et la metformine n’exposent pas aux hypoglycémies du fait de leur mécanisme d’action qui dépend du taux de glucose circulant.

Pr Halimi : « Dans notre étude, les deux tiers des diabétiques de type 2 qui faisaient des hypoglycémies étaient sous insuline, l’autre tiers sous sulfamide ou répaglinide. Nous avons de plus récemment montré que les hospitalisations et les visites aux urgences pour cause d’hypoglycémies sévères étaient bien moins fréquentes chez les patients sous gliptines par rapport aux sulfonylurées et au répaglinide*».

  • Un régime alimentaire non respecté (repas sauté ou plus léger que d’habitude ou sans suffisamment de glucides), un exercice physique excessif ou trop prolongé sans collations régulières, le stress ou la consommation d’alcool à jeun peuvent aussi contribuer au hypoglycémies. A noter : les doses d'insuline active pendant et après les efforts physiques programmés doivent être diminuées.
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Source : *Vascular Health and Risk Management 2015:11 417–425
 D’après un entretien avec le Pr Serge Halimi, diabétologue, professeur émérite de l'université médicale et des sciences Univ. Joseph Fourier de Grenoble