Divorce : conseils aux parents après la séparation
Quels sont les solutions ou les conseils à donner aux parents après la séparation ?
Dans les séparations " amiables ", les aménagements pour la garde des enfants résultent d'une concertation entre les parents, ce qui peut contribuer à atténuer la détresse de l'enfant. Il n'en va pas de même lors des séparations très conflictuelles, au cours desquelles on se déchire pour la garde ou l'exercice du droit de visite. Il importe alors de préserver l'enfant du climat épouvantable qui entoure les transitions.
Eviter le " cafard " du dimanche soir
Le " cafard " du dimanche soir, que même les adultes peuvent ressentir, est décuplé quand le passage d'un parent à l'autre se déroule dans un climat hostile, qu'il s'agisse d'un silence de plomb ou d'une explosion de griefs (retards dus à la circulation, état de propreté de l'enfant, affaires ou devoirs de classe oubliés...). Dans ces cas, je préconise volontiers des transitions dans un cadre plus neutre : la nounou ou la crèche, si l'enfant n'est pas scolarisé. L'école ou le collège, pour les plus grands. Il est bien plus facile et moins " cafardant ", pour l'enfant comme pour le parent, de se dire au revoir au portail de l'école un lundi matin (" c'est maman qui viendra te chercher ce soir "), qu'un dimanche soir dans un hall d'immeuble ou sur le trottoir... Mais cela suppose la bonne volonté des deux parents : si le juge a ordonné le retour au domicile du parent gardien le dimanche soir, on est toujours libre de s'affranchir, en adultes et dans l'intérêt de l'enfant, du cadre rigide de la décision.
Durant les week-ends ou les vacances
Il faut également penser à favoriser le contact - appels téléphoniques, envoi de cartes postales - entre l'enfant et l'autre parent. Cela est d'autant plus important que l'enfant peut censurer l'expression d'un manque, par peur de faire de la peine au parent chez lequel il se trouve. Pour éviter l'intrusion téléphonique permanente, vite ressentie comme un harcèlement, des rendez-vous téléphoniques peuvent être déterminés. C'est alors l'enfant qui décroche : il sait que cet appel lui est destiné.
L'enfant n'est ni " rapporteur " ni " détective "
Il faut enfin résister à la tentation de transformer l'enfant en " rapporteur " ou " détective " en lui demandant le moins possible de détails sur ce qui se passe " chez l'autre ". Trop de parents commettent ces petites erreurs, qui sont ni plus ni moins une sorte d'indélicatesse vis-à-vis de leur enfant.
Conseils pratiques pour une séparation responsable
Rappelons enfin les conseils pour une séparation responsable, soucieuse de ménager " l'intérêt supérieur de l'enfant ".
Voici une liste de conseils pratiques et/ou d'erreurs à ne pas commettre :
- Ne jamais oublier que cet enfant est l'enfant de vous deux.
- Ne jamais lui demander s'il vous aime plus l'un que l'autre.
- Aidez-le à maintenir le contact avec l'autre parent.
- Conversez entre vous comme des adultes et n'utilisez pas l'enfant comme un messager.
- Ne soyez pas triste quand l'enfant va chez l'autre parent.
- Ne prévoyez jamais rien durant le temps qui appartient à l'autre.
- Ne soyez ni étonné(e), ni fâché(e) quand l'enfant est chez l'autre parent et qu'il ne donne pas de nouvelles.
- Ne vous " passez " pas l'enfant de l'un à l'autre comme un objet.
- Ne vous disputez pas devant lui.
- Ne racontez pas des choses que l'enfant ne peut encore comprendre.
- Laissez-le amener des amis dans ses deux maisons.
- Soyez d'accord au sujet des dépenses et de l'argent.
- Ne faites pas mille projets avec l'enfant, laissez-le être simplement heureux.
- Laissez le plus de choses possible identiques dans sa vie, comme avant la séparation.
- Soyez aimable avec les autres grands-parents.
- Acceptez le nouveau compagnon que l'un d'entre vous a rencontré.
Même s'ils peuvent parfois apparaître comme angéliques ou utopiques dans un climat tendu, ces conseils doivent être prodigués : chacun pourra y puiser ceux qu'il se sent la force d'appliquer ou, au contraire, prendre la mesure du nombre de petites fautes ou maladresses qui peuvent toucher une sensibilité enfantine déjà soumise à la rude épreuve de la séparation.
* Le Docteur Paul Bensussan est psychiatre, expert agréé par la Cour de cassation, diplômé de sexologie clinique. Ses travaux sur l'inceste et les divorces très conflictuels sont connus de ses pairs comme des magistrats.
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