Electrochocs : non aux idées fausses
Les électrochocs ont mauvaise réputation. Au moment de leur introduction en médecine, dans les années 1940, ils étaient en effet pratiqués sans anesthésie. Ils provoquaient alors des contractions musculaires impressionnantes. Pour éviter les fractures qu'auraient provoqué des violents mouvements des membres, les patients étaient attachés. A cette époque (avant que les électrochocs soient pratiqués sous anesthésie) les effets indésirables atteignaient alors 40 % des malades, et certains d'entre eux étaient redoutables, puisque des fractures vertébrales ont parfois été observées.
Des conditions satisfaisantes de sécurité et de confort
De nos jours, les conditions sont tout à fait différentes. Chaque séance dure une dizaine de minutes, pendant lesquelles le malade est placé en anesthésie générale. Ses muscles restent relâchés grâce à des substances dérivées du curare, qui empêchent toute contraction.. La pratique des électrochocs, encore appelée sismothérapie ou électroconvulsivothérapie, se pratique donc actuellement dans des conditions normales de confort.
Le risque le plus important est lié à l'anesthésie générale qui provoque un décès pour 10000 à 50000 actes (le risque est à peu près identique quel que soit le motif de l'anesthésie générale). Les autres effets indésirables sont divers: traumatismes dentaires lié à la mise en place d'une sonde d'intubation pour l'anesthésie générale, incidents respiratoires, cardiovasculaires ou allergiques liés à l'anesthésie, douleurs musculaires, état transitoire de confusion mentale après la séance, maux de tête, nausées, oubli des événements ayant précédé ou suivi la séance (amnésie rétrograde ou antérograde), etc. Mais tous effets indésirables confondus, ils ne surviennent qu'une fois pour 1300 ou 1400 séances.
A noter que les électrochocs n'entraînent jamais de lésion du cerveau. En définitive, contrairement à une idée reçue, la sécurité et le confort des patients sont donc à présent correctement assurés. A tel point qu'au cours de la grossesse, les électrochocs sont parfois moins risqués que certains médicaments.
Une efficacité démontrée dans quelques rares situations...
Les électrochocs ont fait l'objet d'études comparatives de bonne qualité, qui ont démontré leur efficacité dans quelques affections psychiatriques graves (mais heureusement relativement rares), où leur utilisation est parfois le dernier recours contre la maladie. Selon l'Agence nationale d'évaluation et d'accréditation en santé (Anaes), qui s'est fondée sur une étude minutieuse et systématique de tous ces essais, les électrochocs peuvent être particulièrement utiles dans trois cas: les dépressions majeures, les accès maniaques aigüs et la schizophrénie.
Dans les dépressions majeures, les électrochocs peuvent logiquement être utilisés lorsque le traitement médicamenteux a été inefficace ou mal supporté. Ils sont également indiqués en présence d'un risque vital: menace grave de suicide ou dénutrition majeure, par exemple. En effet, dans ces cas, les traitements par médicaments antidépresseurs ne sont souvent efficaces qu'au bout de plusieurs semaines.
Dans les accès maniaques aigus survenant malgré la prise régulière de médicaments neuroleptiques, les électrochocs peuvent être utiles pour contrôler rapidement une crise. Dans certains types de schizophrénie (les troubles dits " schizo-affectifs "), bien que le traitement de base consiste en médicaments neuroleptiques, les électrochocs peuvent être utiles pour obtenir un soulagement rapide lorsque la maladie entraîne une aggravation des symptômes. Mais son efficacité n'est que transitoire.
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