Enfants hyperactifs : la revue Prescrire alerte sur les excès de recours à la Ritaline
Risque-t-on une normalisation scolaire avec le méthylphénidate (Ritaline® ) ? Beaucoup d'enfants consultent en raison de difficultés de concentration en milieu scolaire, agitation motrice et impulsivité, révèle la revue Prescrire. Le diagnostic de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est porté en présence de ces plusieurs symptômes non spécifiques mentionnés ci-dessus. Les limites du diagnostic sont floues.
Le méthylphénidate (Ritaline®) est un amphétaminique psychostimulant, avec une efficacité symptomatique au mieux modeste, alors que ses effets indésirables cardiovasculaires et neuropsychiques sont parfois graves.
Des surdiagnostics et surtraitements chez les plus jeunes de la classe
Cependant, on observe une forte augmentation du nombre de diagnostics de déficit de l'attention avec hyperactivité chez les enfants scolarisés à l'école primaire et leur traitement par la Ritaline®.
D'après des études menées dans différents pays au sein d'écoles primaires, les chercheurs ont pu constater que les enfants les plus jeunes d'une même classe avaient 1,5 fois plus de risque de prendre un psychostimulant que les enfants les plus âgés. Or, les chercheurs ont estimé que ces différences démontraient l'existence d'un diagnostic avec médicamentation par excès des enfants les plus jeunes, et donc les plus susceptibles d'une moindre attention et de comportements perturbant la classe.
Parents, enseignants et professionnels de santé doivent être alertés
En France, le recours à la Ritaline ® semble moins fréquent que dans d'autres pays mais le nombre d'enfants âgés de 6 à 11 ans qui en prennent a malgré tout augmenté de 17% entre 2012 et 2014. "Les parents, les enseignants et les médecins ont chacun leur responsabilité" dans ces médicamentations excessives, selon la revue Prescrire, et les excès constatés dans d'autres pays sont à faire connaître largement afin de les alerter "sur les dangers de la dérive d'utilisation des psychotropes pour maintenir les enfants dans une norme comportementale".
Dépistage du TDAH : les erreurs à ne pas commettre
Difficile de dépister les enfants ayant un trouble du « déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité » (TDAH), entre le risque de la stigmatisation et celui de laisser ces enfants en souffrance.
- Le diagnostic de TDAH ne peut - en théorie - être posé avant l’âge de 6 ans, même s’il existe de très fortes présomptions. Avant cet âge, il est difficile de faire la part des choses entre un TDAH et un cerveau encore immature (une maturation neurologique inachevée). Un TDAH est censé se manifester avant l’âge de 12 ans.
- Ne pas cataloguer des enfants hyperactifs comme mal-élevés dont les parents seraient démissionnaires et trop permissifs. C’est effectivement le cas de l’enfant hyperactif, mais uniquement dans le milieu familial. Un enfant peut aussi être hyperactif exclusivement à l’école du fait d’un trouble des apprentissages.
- Ne pas se laisser abuser par un enfant qui peut rester calme, même pendant de longs moments. Cela ne va pas à l’encontre d’un diagnostic de TDAH.
- Ne pas prendre une dépression pour un TDAH et vice versa. D’autres troubles peuvent mimer un TDAH, comme la dépression ou un trouble anxieux.
- Passer à côté des troubles associés (comorbidités). Les "troubles Dys", c’est-à-dire les troubles des apprentissages que sont la dyslexie et la dysorthographie pour les troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit, la dysphasie pour le langage oral, la dyspraxie pour développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales ou la dyscalculie pour les activités numériques sont très souvent liés à un TDAH. Aucune causalité n’a été élucidée à ce jour.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.