Epilepsie : le valproate désormais interdit aux femmes en âge de procréer
Dépakine®, Dépakote®, Dépamide®… Les médicaments à base de valproate voient leurs conditions de prescription resserrées d'un cran. Indiqués dans l'épilepsie et le trouble bipolaire, ces traitements peuvent provoquer de graves malformations chez le fœtus.
A partir de la fin du mois de juin, les médecins n'auront donc plus le droit de prescrire de valproate aux femmes susceptibles de devenir enceintes, qu'elles soient épileptiques ou bipolaires. C'est ce que vient d'annoncer l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). La mesure est stricte, mais nécessaire.
Psychiatres, neurologues et généralistes peinent à appliquer les règles mises en place depuis plusieurs années. A peine une femme sur deux présente un dossier en tous points conforme aux conditions de prescription et de délivrance, d'après une étude menée par l'ANSM et les fabricants.
Un régime dérogatoire
Outre des tests de grossesse réguliers, la patiente doit remplir un formulaire d'accord de soins, qu'elle doit présenter à chaque délivrance du médicament en pharmacie. Une contraception efficace est également obligatoire tout au long du traitement.
Ces règles s'expliquent par le fort potentiel tératogène du valproate. Son utilisation pendant la grossesse est associée à un risque de malformation congénitale dans 10 % des cas. Il existe également un risque de troubles neuro-développementaux dans 30 à 40 % des cas.
Etant donné le mauvais suivi du Plan de prévention de la grossesse, l'ANSM a tranché : le valproate ne pourra plus être prescrit aux femmes en âge de procréer. Les autorisations de mise sur le marché (AMM) vont évoluer en ce sens.
La délivrance du médicament sera désormais soumise à un régime dérogatoire. Ne pourront recevoir du valproate que les femmes présentant une intolérance aux autres molécules disponibles, ou n'ayant pas été stabilisées par les alternatives thérapeutiques.
Pas de grossesse sous valproate
Si le valproate doit être prescrit malgré l'interdiction, des conditions strictes continueront de s'appliquer : au moins une contraception efficace doit être prise et des tests de grossesse négatifs présentés régulièrement. Chaque année, l'intérêt du traitement sera réévalué.
En revanche, aucune prescription ne doit être poursuivie en cas de grossesse. Il existe une "contre-indication absolue chez les femmes enceintes et chez celles qui envisagent une grossesse", rappelle l'ANSM.
Cette nouvelle mesure vient compléter une première décision prise en 2017. L'ANSM avait alors contre-indiqué le valproate chez les femmes bipolaires enceintes ou susceptibles de le devenir.
Au moins 2 000 enfants malformés
Pour informer les femmes, un pictogramme a aussi été mis en place sur les emballages (boîte et blister) informant que "VALPROATE + GROSSESSE = INTERDIT. Ne pas utiliser chez les femmes en âge de procréer en sans contraception efficace, ou enceintes."
Pour autant, aucun traitement ne doit être interrompu sans avis médical. Au contraire, il est essentiel d'évoquer les alternatives avec un spécialiste, car de nombreux autres traitements existent, dans l'épilepsie comme dans le trouble bipolaire.
Pour rappel, on estime que 2 150 à 4 100 enfants exposés in utero au valproate ont développé au moins une malformation congénitale majeure. Le nombre d'enfants souffrant de troubles neuro-développementaux pourrait être bien plus élevé.
Vidéo : Epilepsie
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.
Médicaments contenant du valproate : le niveau d’application des conditions de prescription et de délivrance est insuffisant, ANSM, 20 octobre 2017