L'exposition professionnelle aux bitumes associée à des risques sanitaires
Quelles conséquences à l'exposition professionnelle aux bitumes ?
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) vient de rendre un avis sur les risques sanitaires liés à l'utilisation professionnelle des bitumes. Si les risques de cancers cutanés ne sont pour l'heure pas avérés, l'Agence appelle à poursuivre les efforts de recherche dans ce domaine et préconise une série de mesures de prévention.
Les bitumes ont progressivement remplacé les goudrons comme liants de revêtement ainsi que pour les travaux d'étanchéité ; la consommation annuelle française est de l'ordre de 3 millions de tonnes.
Ce rapport d'évaluation fait suite à la saisine en novembre 2008 d'un syndicat de salariés de la construction qui souhaitait connaître les risques encourus par les personnes manipulant les bitumes, ces produits issus du raffinage du pétrole qui sont utilisés principalement pour les travaux routiers.
Les travaux de l'Anses se sont basés sur une analyse critique des données bibliographiques disponibles, sur des visites de sites et sur les résultats de recherches menées notamment par l’Institut universitaire romand de Santé au Travail (IST) qui s'est penché sur les interactions du bitume et des ultra-violets (UV) sur la peau humaine et sur le risque de cancer de la peau. Enfin, l'Anses a assisté aux travaux du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) lors desquels il a été décidé de classer l’exposition des travailleurs aux bitumes oxydés et à leurs émissions lors de la pose de produits d’étanchéité comme cancérigènes probables pour l'homme (groupe 2A) et les expositions des professionnels aux produits bitumineux et à leurs émissions lors de la pose d’enrobés à base de bitumes routiers ou lors de l’asphaltage à base de bitumes durs comme cancérigènes possibles (groupe 2B).
Exposition aux bitumes : des effets principalement respiratoires
L'expertise française a évalué les différents modes d'exposition, par voie orale, cutanée mais surtout respiratoire, lorsque les bitumes sont chauffés et émettent de nombreux composés volatils. Ainsi, le rapport de l'Anses précise que « l’expertise a conclu à l’existence d’un risque sanitaire associé à une exposition aux liants bitumineux et à leurs émissions » : il s'agit principalement d’effets respiratoires (asthmes, bronchites chroniques…), alors que des effets cardiovasculaires et immunotoxiques sont pour l'heure suspectés. Si les études précédentes n'ont pas montré « d’association statistiquement significative entre l’apparition de cancers cutanés chez les travailleurs et l’exposition aux émissions de bitumes », l'Anses appelle à poursuivre les travaux sur les conséquences d'une exposition cutanée.
Parmi les préconisations en termes de prévention, le rapport pointe notamment la réduction et le captage des fumées émises par les bitumes chauds, la réduction d’impact de la chaleur ainsi que de la limitation de l'utilisation des produits bitumineux pour les personnes exposées simultanément au rayonnement solaire.
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