9 mois de grossesse, 12 mois de risque veineux
La maladie thromboembolique veineuse est la seconde cause de mortalité pendant la grossesse après les hémorragies. Le risque couvre toute la durée de la grossesse, il est plus important au troisième trimestre. Il est maximal pendant la première semaine après l’accouchement et reste présent jusqu’à trois mois post-partum.
Pour limiter le risque de phlébite et d’embolie pulmonaire, trois moyens de prévention existent :
- L’exercice physique régulier dont la marche qui stimule le retour veineux.
- Encore trop méconnue du grand public et même des soignants, la compression est la seule solution non médicamenteuse qui réduit de 66% ce risque thromboembolique**. Le port de produits de compression (des chaussettes au collant) augmente le reflux sanguin au niveau de la cheville. Outre le confort vis-à-vis de l’insuffisance veineuse (diminution de la sensation de jambes lourdes et des œdèmes par action sur la microcirculation sanguine), la compression dégressive de la cheville vers le mollet au moyen d’un tissu élastique facilite le retour veineux de façon mécanique. Cela réduit la stase veineuse dans les membres inférieurs, responsable de la maladie thromboembolique, et lutte contre la déformation de la veine.
- Les médicaments anticoagulants. Conjointement à la compression, certaines femmes doivent recevoir des anticoagulants injectables (héparine de bas poids moléculaire : HBPM). Il s’agit de celles ayant déjà fait soit une phlébite, soit une hémorragie du post-partum, sont en immobilité complète prolongée ou ont une prédisposition aux thromboses (thrombophilie asymptomatique) etc.
Chaussettes, bas ou collant de compression aussi efficaces sur le risque veineux
La compression médicale doit être prescrite à toutes les femmes enceintes, a fortiori si elles doivent rester alitées. Un dispositif de compression de classe 2 (15-20 mmHg de pression) est suffisant pour la plupart des femmes mais il doit être de classe 3 (20-26 mmHg) voire 4 (>36 mmHg) en cas d’antécédents veineux.
Selon la Haute Autorité en Santé (HAS, 2010), des bas de classe 2 doivent être portés pendant toute la durée de la grossesse. Mais la compression médicale, c’est aussi après l’accouchement ! Idéalement six semaines après (six mois en cas de césarienne) selon la HAS, avec pour objectif principal de prévenir la thrombose veineuse profonde. En 2015, le Collège National des Gynécologues et des Obstétriciens Français (CNGOF) est allé dans le même sens, préconisant en plus l’administration d’un anticoagulant injectable (HBPM) pendant au moins sept jours conjointement à la compression chez les femmes présentant des facteurs de risque (antécédent de phlébite, consommation de tabac, obésité ou césarienne faite en urgence).
Dr Christelle Charvet : « Bas, collant ou simples chaussettes, l’efficacité sur le risque veineux est identique. Ils sont à enfiler le matin après la douche pour toute la journée, et non pas le soir ou lorsque les jambes se font lourdes ou douloureuses. Les produits de compression sont des dispositifs médicaux (directive 93/42 CE). Ils doivent être prescrits par le médecin spécialiste (gynécologue, médecin vasculaire…), la sage-femme ou le médecin généraliste et remboursés, sur la base de 60% puis de 100% à partir de six mois de grossesse. Les mutuelles peuvent assumer une partie du reste à charge ».
Le pharmacien ou le médecin doivent prendre les mesures de la patiente, comme le tour de cheville et la hauteur entre le sol et sous le genou. Plusieurs prescriptions sont possibles tout au long de la grossesse. Et parce que la clé de la prévention est l’observance, les produits de compression médicale se sont mis à la mode et adaptés aux saisons.
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D’après une conférence de presse « 9 mois, mes jambes et moi » de Sigvaris (14/10/16), à l’occasion de sa campagne de sensibilisation (www.9moismesjambesetmoi.com), avec le concours du Dr Christelle Charvet, gynécologue obstétricien (Lyon).