- 1 - Existe-t-il une différence entre l’hypnose de spectacle et l’hypnose pour les soins ?
- 2 - Quel est le principe de l’hypnoanalgésie ?
- 3 - Comment met-on l’hypnoanalgésie en pratique ?
- 4 - Pour quel type de soins a-t-on recours à l’hypnoanalgésie ?
- 5 - De quelles preuves d’efficacité dispose-t-on ?
- 6 - Comment accéder à des soins sous hypnoanalgésie ?
Comment met-on l’hypnoanalgésie en pratique ?
Bénédicte Lombart : « L’un des grands principes de l’hypnoanalgésie est la dissociation, ce qui revient à envoyer sa tête en vacances. On obtient cette dissociation par les suggestions : on propose à l’enfant de s’évader dans son monde imaginaire ». On lui suggère un ensemble de sensations en utilisant les cinq sens (vue, odorat, touché, ouïe, goût) et un langage métaphorique : « on s’installe confortablement sur un nuage moelleux comme une barbe à papa au parfum délicieux ». Ce langage métaphorique n’étant accessible qu’à partir d’un certain âge et donc d’un certain niveau cognitif, avant 4 ans, on parle plutôt de distraction de l’enfant avec des jeux, des chansons, des comptines, des tablettes numériques. Autrement dit, il est difficile à proprement parler de faire de l’hypnoanalgésie avec un très jeune enfant.
En revanche, quel que soit l’âge, « on s’appuie sur des éléments hypnotiques. Ce sont presque toujours des éléments en rapport avec le bercement : le bercement dans les bras, avec la voix (chants, comptines), avec le regard en l’invitant par exemple à s’imaginer regardant des bulles de savon qui flottent dans l’air ».
Lorsque l’on propose l’hypnoanalgésie à un enfant, on cherche donc à le dissocier et on s’appuie sur un langage métaphorique pour transformer ses sensations. « Par exemple, si l’on doit décoller un pansement pour nettoyer une plaie, on suggère que ce n’est pas l’infirmière qui intervient, mais un petit chien très gentil qui vient s’amuser avec l’enfant en lui léchant la peau. On utilise l’imaginaire pour transformer les sensations et les réintégrer sous un format plus rassurant, plus ludique et plus agréable. On déconnecte les sensations des aspects anxiogènes et désagréables. On peut aussi suggérer à l’enfant d’enfiler un gant magique avant de faire une piqûre. On accompagne cette idée par le geste en expliquant à quel point ce gant va le protéger, endormir le lieu de la piqûre et l’anesthésier ».
Pour quel type de soins a-t-on recours à l’hypnoanalgésie ?
L’hypnoanalgésie peut être employée pour tout type de soins, y compris lors d’une intervention chirurgicale. Elle est alors pratiquée par un anesthésiste ou une infirmière anesthésiste et demande une compétence à la fois en hypnoanalgésie et en anesthésie. A noter que cet accompagnement hypnotique réclame toujours au minimum une anesthésie locale.
De quelles preuves d’efficacité dispose-t-on ?
De plus en plus d’études montrent l’efficacité de l’hypnoanalgésie. Il existe notamment un rapport de l’Inserm publié en décembre 2015, mais qui n’a pas retenu les données pédiatriques en raison d’exigences méthodologiques. En effet, les études sur les enfants sont toujours de petite envergure (des petits groupes de patients). Cela dit, ce rapport statue sur l’efficacité de l’hypnoanalgésie pour accompagner certains soins douloureux chez l’adulte.
Comment accéder à des soins sous hypnoanalgésie ?
De plus en plus de professionnels de santé sont formés à l’hypnoanalgésie. Ils disposent au moins une formation courte leur permettant de proposer un accompagnement en l’hypnoanalgésie pendant les soins. Pour en bénéficier, il faut tout simplement se renseigner sur son lieu d’hospitalisation pour savoir si les professionnels sont ou non formés. C’est donc tout simplement un critère de choix d’hospitalisation.
* Bénédicte Lombart est infirmière, cadre de santé, spécialisée en analgésie pédiatrique. Elle est membre de l’association Pédiadol, formatrice en hypnoanalgésie au sein de l’association SPARADRAP et Docteur en philosophie pratique et éthique hospitalière. Engagée depuis plus de 20 ans dans la prise en charge de la douleur de l’enfant, elle est l’auteur d’un manuel, fruit de sa grande expérience en hypnoanalgésie pédiatrique (réalisé en collaboration avec Céline Guiot et Nadège Maunoury, puéricultrices spécialisées en analgésie pédiatrique) : « Manuel pratique d’hypnoanalgésie pour les soins pédiatriques », édité par l'association SPARADRAP.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.