Infarctus du myocarde : jusqu’où iront les femmes ?
Infarctus du myocarde, +5% par an chez les femmes jeunes
Les toutes dernières données françaises de l’Institut de veille sanitaire (1) étaient attendues. Allaient-elles contredire l’inquiétante tendance constatée dans les années 2000 ? Rien ne pouvait malheureusement le faire croire et, en effet, l’infarctus du myocarde sévit de plus belle chez les femmes jeunes. Partout ailleurs en revanche, chez les hommes jeunes ainsi qu’après 65 ans dans les deux sexes, son incidence recule, quoique faiblement chez les hommes (-1,7%) et de façon plus soutenue chez les femmes (-11,1%).
Pr Claire Mounier-Vehier, chef de service de cardiologie au CHRU de Lille, présidente de la Fédération française de cardiologie et co-auteur de la publication (1) : « Dans le détail, entre 2009 et 2013, les hospitalisations pour infarctus du myocarde ont augmenté de 4,8% dans la tranche d’âge des 45-54 ans des femmes. Une précision qui peut expliquer une partie de l’augmentation de ces chiffres est le dosage de la troponine ultrasensible, adoptée en 2007. Ce test a permis depuis cette date de repérer des infarctus (dits non STEMI) qui auparavant seraient passés inaperçus ou de requalifier des angors instables (rétrécissements d’une artère du cœur) en authentiques infarctus. A noter cependant qu’il y a trois fois moins de femmes hospitalisées que d’hommes, qui constituent encore le gros du bataillon des crises cardiaques. Si les femmes font de plus en plus de crises cardiaques, il n’en reste pas moins qu’en proportion, les hommes sont toujours les plus nombreux à faire des infarctus du myocarde (cinq fois plus d’infarctus chez les hommes avant 65 ans, deux fois plus après 65 ans) ».
La crise cardiaque au féminin, moins mortelle
La mortalité par infarctus du myocarde a fortement reculé dans toutes les classes d’âge entre 2002 et 2012 (de plus de 30% !) à mettre sur le compte d’une meilleure prévention cardio-vasculaire, une plus grande réactivité à appeler les secours en cas de signes d’appel d'une crise cardiaque, et des techniques de revascularisation myocardique (du cœur) plus performantes. Mais les femmes s’en sortent mieux : avant 65 ans, elles ont deux fois plus de chance de survivre à un infarctus du myocarde que les hommes.
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(1) « Les femmes au cœur du risque cardiovasculaire » BEH N° 7-8 | 8 mars 2016 Les évènements d’infarctus du myocarde ont été sélectionnés à partir des bases nationales des hospitalisations du PMSI-MCO (2002-2013) et des causes médicales de décès du CépiDc (2002-2012) www.invs.sante.fr ; (2) registre français FAST-MI pour la période 2005-2010 ; (3) Jean-Baptiste Richard et coll BEH N° 7-8 | 8 mars 2016, p126 ; (4) Eur Heart J. 2008;29(7):932-40
D’après un entretien et la conférence du Pr Claire Mounier-Vehier, Chef du Service de Médecine Vasculaire et Hypertension Artérielle à l'hôpital Cardiologique du CHRU de Lille et présidente de la Fédération Française de Cardiologie