Le valproate multiplie par cinq le risque de troubles du comportement
Pendant des années, l'acide valproïque a été prescrit pendant la grossesse. Ce n'est qu'à présent qu'on commence à prendre la mesure de la catastrophe. Jusqu'à 30 400 enfants auraient fait les frais de ce traitement indiqué contre l'épilepsie et le trouble bipolaire, selon des calculs de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Rendue publique ce 22 juin, l'étude menée par l'autorité sanitaire est la première à estimer l'impact de ce traitement, hautement tératogène. Mais il n'est pas seulement responsable de malformations : il provoque aussi des troubles neuro-développementaux (retard mental, troubles envahissants du développement ou du comportement…) dans 30 à 40 % des cas.
Pour les biens de cette étude, l'ANSM a comparé le devenir de 8 850 enfants exposés in utero au valproate de sodium à celui de près d'un million d'autres bambins qui n'ont pas connu un tel risque. Et les résultats sont alarmants.
L'exposition au médicament multiplie par quatre ou cinq le risque de souffrir d'un trouble neuro-développemental, "avec un effet dose marqué", selon l'ANSM. Pour les doses les plus élevées, cette probabilité est augmentée de l'ordre de 8 à 10 fois.
Contre-indiqué chez les jeunes
Toutes les périodes de la grossesse sont considérées comme pouvant donner lieu à de tels troubles. Mais les deuxième et troisième trimestre sont les plus à risque, d'après les observations du comité de pilotage.
Pour rappel, les conditions de prescription de l'acide valproïque ont été renforcées en 2014 en France, avec un plan de prévention des grossesses. Cela a permis de réduire le nombre de mises sous traitement et de gestations sous valproate. Mais les conditions de prescription restent encore mal respectées par les praticiens et les pharmaciens.
C'est pourquoi l'ANSM a décidé de contre-indiquer le médicament chez les femmes en âge de procréer. A partir de la fin du mois de juin, les médecins n'auront donc plus le droit de prescrire de valproate aux femmes susceptibles de devenir enceintes, qu'elles soient épileptiques ou bipolaires.
Des alternatives restent disponibles sur le marché, et toutes ne sont pas aussi risquées que l'acide valproïque. La lamotrigine, par exemple, est trois fois moins dangereuse. En revanche, la prudence doit être de mise. Car dans le trouble bipolaire, la prégabaline est 1,5 fois plus à risque que le médicament qu'elle remplace.
Vidéo : L'astuce naturelle anti cloque et ampoules
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.