Les virus HPV 16 et 18 associés à un plus grand risque de cancer du col de l’utérus
Bientôt un dépistage amélioré du cancer du col de l’utérus ? Des chercheurs de l’institut Karolinska en Suède ont montré que deux types de papillomavirus humains (HPV) étaient associés à un risque plus élevé de lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les femmes de moins de 30 ans. Deux types de HPV à cibler particulièrement lors des dépistages chez les femmes jeunes, préconisent-ils donc dans l’étude qu’ils publient le 10 décembre 2018 dans la revue Cancer.
Huit fois plus de risque de lésions précancéreuses ou de cancer
L’étude s’est appuyée sur les données de santé de femmes participant au programme suédois de dépistage du col de l’utérus de 2005-2007. Au total, 576 femmes de ce programme présentant un frottis "normal" ont été suivies jusqu’en 2014 : 96 femmes en bonne santé au début de l’étude mais qui ont développé soit des lésions précancéreuses (92 femmes) soit un cancer (4 femmes) et 480 femmes "contrôle", en bonne santé tout au long de l’étude qui n’ont pas développé de lésions précancéreuses ni de cancer. La présence de HPV dans les frottis "normaux" effectués en 2005-2007 a été testée a posteriori.
Résultat : le risque de développer une lésion de haut grade était fortement associé à la présence d’un papillomavirus et, chez les femmes de moins de 30 ans, la présence particulière des HPV 16 et 18 était associée à un risque futur de développer une lésion de grade 2 ou de plus haut grade. Les lésions du col de l’utérus sont en effet caractérisées par des grades plus ou moins élevés : lésion de grade 1 dite légère, de grade 2 dite modérée et de grade 3 dite sévère. Le stade suivant est celui du cancer invasif.
Les chercheurs ont également découvert que les femmes de plus de 30 ans possédant un HPV mais un frottis normal avaient huit fois plus de risques de développer des lésions précancéreuses ou un cancer de haut grade que les femmes présentant des résultats de HPV négatifs et ce quel que soit le HPV détecté.
Suivre plus fréquemment les femmes avec un HPV positif
Des arguments en faveur d’une amélioration de la précision des tests de dépistage du cancer du col utérin, d’après les auteurs de l’étude. "Les tests cellulaires normaux ne garantissent donc pas qu’une femme ne développera pas de changements précancéreux pouvant conduire au cancer du col de l’utérus" déplore ainsi la professeure Sonia Andersson, co-autrice de l’étude, dans un communiqué de l’institut Karolinska. "Nous devons donc suivre plus fréquemment les femmes présentant des résultats positifs au HPV" ajoute-t-elle. Plus précisément, la professeure Andersson préconise d ’identifier le type de HPV lorsque sa présence est détectée par les programmes de dépistage, ce qui n’est actuellement pas le cas. "De cette manière, plus de lésions précancéreuses pourraient être traitées à temps et plus de cas de cancer évités" insiste-t-elle.
En France, le dépistage du cancer du col de l’utérus s’appuie principalement sur le frottis qui détecte les anomalies cellulaires du col induites par le HPV et les recommandations officielles limitent la réalisation d’un test HPV à un seul cas : celui d’un frottis dit "ASCUS", c’est-à-dire qui présente des cellules du col de l’utérus atypiques de signification indéterminée.
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HPV type 16 or 18 in young women predicts risk of cervical cancer. Communiqué de l’Institut Karolinska, 10 décembre 2018