Mammographie dès 30 ans : elle pourrait être bénéfique pour les femmes à risque
À quel âge commencer les mammographies de dépistage du cancer du sein ? Alors que la réponse à cette question fait l’objet de controverses, des chercheurs en radiologie du centre médical universitaire NYU Langone (New-York, Etats-Unis) ont présenté le 28 novembre 2018 les résultats d’une nouvelle étude au congrès annuel de la Société de Radiologie d’Amérique du Nord (RSNA pour Radiological Society of North America). Selon eux, un dépistage annuel par mammographie dès 30 ans pourrait être bénéfique aux femmes qui possèdent au moins un des trois facteurs de risque du cancer du sein : une poitrine dense, des antécédents personnels ou des antécédents familiaux de cancer de sein.
Taux de détection du cancer élevés
Dans cette étude, les chercheurs ont pris en compte plus de 5,7 millions de mammogrammes issus de la base de données américaine nationale des mammographies (National Mammography Database) et ont comparé les résultats de ces clichés pour des femmes âgées de 30 à 39 ans avec les trois facteurs de risque spécifiques du cancer du sein et pour des femmes âgées de 40 à 49 ans dénuées de facteurs de risque.
Résultats : les taux de détection du cancer étaient aussi élevés chez les trentenaires à risque de cancer que chez les quarantenaires sans facteurs de risque. Une raison valable pour les chercheurs de faire débuter les dépistages dès 30 ans chez les femmes à risque.
Faux-positifs et cancer radio-induits
Cette nouvelle étude vient alimenter le débat qui existe actuellement autour du dépistage du cancer du sein par mammographie. En France, le programme national de dépistage organisé du cancer du sein officialisé par les recommandations officielles de la Haute Autorité de Santé (HAS) prévoit un examen clinique des seins et une mammographie de dépistage tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans. Chez les femmes à risque élevé, la HAS préconise un examen clinique annuel à partir de 20 ans et une mammographie annuelle éventuellement associée à une échographie mammaire avant l’âge de 50 ans et au plus tôt à partir de 40 ans. Un suivi annuel par imagerie mammaire (IRM et mammographie avec ou sans échographie mammaire) est quant à lui recommandé dès 30 ans pour les femmes à risque très élevé, par exemple celles possédant une mutation des gènes BRCA1 ou 2.
Mais une controverse existe autour de ce dépistage organisé et remet en question la balance bénéfice/risque des mammographies. Les principaux arguments en défaveur des mammographies de suivi comprennent :
- Le risque de sur-diagnostic et l’effet anxiogène associé au dépistage en cas de résultats faux-positifs ; le faux positif correspond à un cliché montrant une anomalie, qui ne correspond finalement pas à un cancer ;
- Le risque d’effets secondaires de l’examen : les irradiations nécessaires à la réalisation des clichés pourraient en effet susciter des mutations de l’ADN des cellules mammaires à l’origine de cancers du sein radio-induits.
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Cancer du sein : modalités spécifiques de dépistage pour les femmes à haut risque, Haute Autorité de Santé (HAS), 1er octobre 2016
Mammographie, Institut national du cancer (Inca), page consultée le 3 décembre 2018
Questions / Réponses - Participation au dépistage du cancer du sein : Recommandations de la HAS pour les femmes de 50 à 74 ans. Haute Autorité de Santé, février 2012