Le chocolat, résistance à l’insuline et enzymes hépatiques
En mai 2016, une étude d’envergure menée au Luxembourg par le Luxembourg Institute of Health (LIH) et des centres de recherche en Angleterre, Australie et Etats-Unis confirme l’intérêt de la consommation de chocolat avec une résistance à l’insuline réduite et une amélioration des enzymes hépatiques*. Cette étude ORISCAV-LUX est la première du genre conduite au niveau national sur un échantillon de la population générale résidente au Luxembourg entre 2007-2008. A partir de l’analyse des données de 1153 personnes âgées entre 18 et 69 ans inclus dans ORISCAV-LUX, les chercheurs ont constaté une corrélation entre la consommation de chocolat et une moindre résistance à l’insuline mais aussi des enzymes hépatiques moins élevées (serum γ-glutamyl-transpeptidase, et serum alanine transaminase). Manger du chocolat serait donc en quelque sorte une attitude "cardioprotectrice".
Dr Ala'a Alkerwi, investigatrice principale de l’étude et chef du projet ORISCAV-LUX (Observation of Cardiovascular Risk Factors in Luxembourg) : « Un nombre croissant de publications scientifiques, y compris la nôtre, nous amènent à suggérer d’inclure la consommation de produits à base de cacao dans les recommandations alimentaires pour une meilleure santé cardiométabolique.
Dans notre étude, les personnes qui mangeaient 100 g de chocolat par jour - l'équivalent d'une barre - présentaient cette résistance à l'insuline réduite et des taux d’enzymes du foie améliorés. Plus de 80% des participants ont déclaré avoir consommé en moyenne 24,8 g de chocolat par jour. »
Mais attention aux raccourcis ! Cette étude démontre une corrélation entre consommation de chocolat et ces paramètres de meilleure santé cardiométabolique : cela ne signifie pas qu’il existe un lien de causalité entre les deux. Pour l’affirmer, il faudrait mettre sur pied des essais contrôlés randomisés dans lesquels on comparerait directement un groupe consommant du chocolat à un groupe contrôle.
Nos habitudes alimentaires, reflet de notre état de santé cardiovasculaire
Un autre résultat intéressant de l’étude ORISCAV-LUX est que les personnes ayant déclaré manger du chocolat sont plus jeunes, plus actives physiquement, avec un niveau d’éducation plus élevé que celles qui ont déclaré ne pas en manger quotidiennement. Comment l’interpréter ? Il est possible que la consommation de chocolat soit un marqueur global pour un groupe de population ayant des profils socio-démographiques favorables, des habitudes de vie plus saines et un meilleur état de santé. Cette explication compterait, du moins en partie, dans les associations inverses observées avec la résistance à l'insuline et les enzymes du foie.
En outre, ceux qui se savent à risque de maladie cardiovasculaire peuvent exclure d’emblée le chocolat de leur alimentation parce qu’ils le considèrent comme néfaste.
Faut-il se précipiter sans culpabiliser sur le chocolat ?
Dr Ala'a Alkerwi : « Non, tout est question de modération. Il est important de distinguer le produit naturel de cacao du chocolat en tant que "produit transformé", qui se réfère à la combinaison du cacao, du sucre et éventuellement du lait et autres ingrédients dans un produit alimentaire solide. Au vu de nos résultats, l’on pourrait envisager une adaptation des recommandations alimentaires, encourageant les gens à consommer une grande variété d'aliments riches en composés flavonoïdes. Cette alimentation peut inclure le chocolat en quantité modérée ».
On retiendra que la consommation de cacao peut contribuer à prévenir les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et l’athérosclérose.
Mais via l’épicatéchine ou les autres composés phytochimiques présents dans le cacao (procyanidines, théobromine, catéchine, caféine…), cet aliment modulerait ou interagirait avec des molécules spécifiquement impliquées dans d’autres grandes maladies chroniques : cancers, maladies neurodégénératives, obésité, diabète…
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