Ménopause et hormones : pas d'affolement !
Les opinions sont diamétralement opposées autour de cette question clé : peut-on, oui ou non, extrapoler les résultats de cette étude américaine aux femmes françaises, dont le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) n'est pas basé sur la même composition hormonale et dont les doses sont plus faibles ?
En attendant, cette polémique a semé des doutes dans les esprits, à tel point, que, selon un sondage réalisé par la Sofres à la demande de l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé), 29% des femmes sous THS avaient stoppé leur traitement en 2003.Cette constatation a été obtenue à partir d'un échantillon national de 1.010 femmes âgées de 45 à 70 ans, dont 70% étaient ménopausées. Parmi ces dernières, 25% prenaient un THS, 34% en avaient déjà pris un et 40% jamais. En 2003, 29% l'ont arrêté, sur les conseils de leur médecin (pour 30% d'entre elles), en raison d'informations médiatiques (24%), par peur du cancer (21%) parce qu'il s'est avéré inefficace (13%) ou en raison d'effets secondaires (12%). L'enquête précise également qu'un quart des femmes ayant arrêté leur traitement en 2003, l'ont repris par la suite. Parallèlement, 50% des femmes se sont déclarées bien informées sur ces traitements. Elles citent notamment les bénéfices attendus dans cet ordre : la disparition des troubles de la ménopause (bouffées de chaleur, etc.), la prévention de l'ostéoporose, du vieillissement et enfin une amélioration du psychisme.
En ce qui concerne les risques, le cancer arrive en tête, suivi des atteintes cardiovasculaires et enfin de la prise de poids.
Ayant pris connaissance de ces données, l'ANAES vient de rendre son rapport, dont les conclusions sont en phase avec celui de l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), même si la tendance à la modération y est plus forte. En quelques mots, le THS reste le traitement de première intention des troubles climatériques gênants, même s'il accroît légèrement le risque de cancer du sein et d'accidents cardiovasculaires. L'attitude actuelle est d'adopter la dose la plus faible possible, le moins de temps possible. Les femmes décideront de se traiter ou non, en toute connaissance de la balance bénéfices/risques.
C'est ainsi que ce rapport comprend 12 messages clés à destination des femmes.
1) La ménopause n'est pas une maladie ! Le THS est par contre un médicament. Il a des indications, des contre-indications et des effets indésirables. Il doit être prescrit pour une durée limitée ; en pratique, 2 à 3 ans sont en moyenne suffisants (discutez en avec votre médecin !).
2) Le THS est le traitement de loin le plus efficace contre certains troubles qui peuvent survenir à la ménopause, telles les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale et les sudations nocturnes. Il ne s'agit pas d'une panacée dans la lutte contre le vieillissement, il ne répondra pas dans ce cas à toutes vos attentes. Il n'a, en particulier, pas d'effet protecteur sur les troubles cognitifs et le risque de démence.
3) Le THS est efficace pour la prévention de certaines fractures à la ménopause. Les fractures sont cependant peu fréquentes avant 60 ans et des alternatives thérapeutiques peuvent vous être proposées. Discutez-en avec votre médecin !
4) Si vous avez besoin ou souhaitez prendre un THS à base d'œstrogènes seuls, sachez que, sur la base des données actuelles, ce traitement ne semble pas augmenter le risque de cancer du sein, mais que par contre, vous serez exposée à un risque cardiovasculaire et un risque de cancer de l'endomètre accrus. Discutez-en avec votre médecin !
5) Si vous avez besoin ou souhaitez prendre un THS combinant œstrogènes et progestatifs, vous éviterez le surcroît de risque de cancer de l'endomètre et pourriez réduire le risque de cancer colorectal, mais serez exposée à un risque augmenté de cancer du sein et de risque cardiovasculaire. Discutez-en avec votre médecin !
6) Si vous avez eu une hystérectomie, il est inutile de prendre un traitement œstroprogestatif, un traitement par œstrogènes seuls est suffisant. Vous pourriez sinon vous exposer à un surcroît de risque inutile de cancer du sein.
7) Si vous ne présentez pas de facteur de risque particulier, les experts considèrent que ces surcroîts de risque ne remettent pas en cause la prescription d'un THS dans le traitement de certains troubles de la ménopause tels que bouffées de chaleur, sécheresse vaginale ou sudations nocturnes. Discutez-en avec votre médecin !
8) Nous attirons votre attention sur le fait que ne pas prendre de THS, ne vous fera pas éviter tout risque de cancer ou tout risque cardiovasculaire. Les cancers du sein ou de l'endomètre et les accidents cardiovasculaires surviennent aussi chez des femmes qui n'ont jamais pris de THS.
9) Si vous avez arrêté un THS, vous ne courez plus de risque cardiovasculaire supplémentaire. De même, le surcroît de risque de cancer du sein aura disparu dans les 5 ans après l'arrêt de votre traitement.
10) Pour éviter les problèmes, le meilleur suivi consiste à la consultation régulière de votre médecin (par exemple, 2 fois par an) en vue d'un examen gynécologique et à la participation tous les 2 ans au programme de dépistage du cancer du sein par mammographie.
11) Nous attirons votre attention sur le fait que les dérivés du soja, et plus généralement les phyto-œstrogènes, s'ils peuvent avoir une action sur les bouffées de chaleur, peuvent présenter les mêmes risques que les œstrogènes ! La fiabilité de ces produits n'est pas garantie et leur sécurité n'a pas été évaluée. Nous vous déconseillons donc d'en prendre pour le traitement de vos troubles, tant qu'ils n'auront pas reçu l'autorisation des autorités sanitaires.
12) Si vous désirez des informations complémentaires, n'hésitez pas à consulter votremédecin. »
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