On mourra plus d’hépatite virale cette année que d’accident de la route
Est-ce que lorsque vous avez refusé de faire vacciner votre enfant contre l’hépatite B – si c’est votre cas – vous saviez que les hépatites virales allaient devenir une cause de mortalité majeure ? Saviez-vous que d’ores et déjà 300.000 personnes sont contaminées en France par le virus de l’hépatite B et 200.000 autres par le virus de l’hépatite C ? Saviez-vous que le cancer du foie lié au virus de l’hépatite B était devenu la première cause de décès par cancer au monde ?
Bien sûr, il y avait des doutes sur cette vaccination. Sur les 20 cas annuels de sclérose en plaques des enfants de moins de 18 ans en France, on ne pouvait pas être sûr à 100% que l’un d’entre eux ne serait pas dû au vaccin. Bien sûr, l’État qui a rendu cette vaccination facultative a brouillé les messages. Quand une vaccination n’est pas obligatoire, c’est qu’elle n’est pas indispensable, non ? Pourtant maintenant, c’est à coup de publicités que l’État essaye de pousser les parents à revacciner leurs adolescents contre l’hépatite B, contre la rougeole qui revient en masse dans notre pays, sans parler des oreillons, de la coqueluche… Toutes ces maladies sont évitables aujourd’hui et un bébé vacciné est protégé à vie.
Pourquoi avons-nous tant reculé en matière de santé publique à tel point que nous manquons maintenant de foies pour greffer les malades touchés par ces hépatites virales ? Certainement parce que le doute fait plus peur que la réalité. C’est notre côté irrationnel. Et aussi parce que nous avons été confus.
Pourquoi a-t-il fallu des procès pour indemniser les familles qui, voyant leurs enfants victimes de sclérose en plaques, accusaient le vaccin ? Quand on vaccine toute une population, on prend un risque collectif pour diminuer un risque collectif encore plus grand. Pourquoi ne pas prévoir pour ces cas-là, qui restent exceptionnels, un budget d’indemnisation pour qu’ils puissent bénéficier systématiquement du doute, dès lors qu’ils ont participé à l’effort collectif d’éradication d’une maladie grave ?
En agissant de la sorte on n’aurait pas mis en scène le doute et les études scientifiques auraient gardé leur valeur de santé publique. Car les études ne manquent pas aujourd’hui et si la communauté scientifique continue de recommander la vaccination contre l’hépatite B, et si elle est largement effectuée dans tous les pays occidentaux, c’est bien qu’elle est considérée comme ayant un rapport bénéfice / risque très élevé face à une maladie très grave. Autrement dit, les études scientifiques doivent conduire soit à l’arrêt d’un vaccin s’il s’avère dangereux, soit à la poursuite de la vaccination si ce vaccin est bien toléré et que ce sont les maladies visées qui sont réellement dangereuses.
Faut-il maintenant refaire peur aux gens comme on essaye de le faire à travers les publicités ? On voit bien que les campagnes anti-tabac fondées sur la peur n’ont eu aucun succès et que le nombre de fumeurs reste stable en France, à 30%, quoique l’on fasse.
Quand des vies étaient en danger sur la route, l’Etat a su imposer la ceinture de sécurité, l’abstinence alcoolique, les limitations de vitesse et cela a marché. Maintenant c’est la vie de nos enfants qui est en danger. Que l’Etat rende donc les vaccinations indispensables obligatoires, quitte à permettre aux parents qui ne veulent pas vacciner leurs enfants de signer une décharge dans laquelle ils reconnaissent avoir lu les statistiques actualisées sur les maladies vaccinables.
Vive la liberté, mais la liberté responsable.
Source : AFEF, Lettre ouverte aux candidats à la Présidence de la République Française Paris, le 26 janvier 2012.
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