La pilule est-elle cancérogène ?

Selon les experts du Centre international de recherche sur le cancer, les contraceptifs oraux combinés (oestrogènes et progestatifs) doivent être classés cancérogènes. Si certains effets secondaires de la célèbre pilule sont favorables, d'autres sont négatifs, comme une augmentation du risque de cancer du sein et du col de l'utérus.

On estime que plus de 100 millions de femmes, soit 10% des femmes en âge de procréer, recourent à des contraceptifs hormonaux combinés. Il y a peu, les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause étaient administrés à environ 200 millions de femmes dans les pays industrialisés. L'annonce du potentiel cancérogène des contraceptifs oraux combinés est une douche froide pour certains, la fin d'une série de controverses pour d'autres.

Cette conclusion officielle demandant à ce que ces traitements soient classés dans le groupe 1 des produits cancérogènes, le plus élevé dans l'échelle en vigueur, a été formulée par un groupe de vingt et un experts de huit nationalités différentes, réunis sous l'égide du Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC). Ils ont procédé à un examen complet de la littérature scientifique et médicale internationale publiée. L'analyse d'une soixantaine d'études portant au total sur environ 60.000 femmes démontre que les contraceptifs oraux augmentent légèrement le risque du cancer du sein chez les utilisatrices actuelles et récentes. Toutefois, dix ans après la fin de l'utilisation, le risque semble être redevenu semblable à celui des femmes qui n'en ont jamais employé. Le risque de cancer du col utérin augmente aussi, mais avec la durée d'utilisation, notamment chez les femmes qui présentent une infection par un papillomavirus.Les auteurs constatent également une faible augmentation à long terme du cancer du foie dans les populations à faible prévalence pour ce type de cancer.

En revanche, la pilule diminue les risques de cancer de l'utérus et de l'ovaire. La réduction est généralement plus forte lorsque l'utilisation est plus longue et une certaine réduction persiste au moins 15 ans après l'interruption de l'utilisation.

Sachant que des millions de femmes dans le monde sont quotidiennement exposées à ces traitements, des analyses complémentaires rigoureuses doivent se poursuivre. Et compte tenu des fortes disparités, les études devraient être menées pays par pays et s'élargir à d'autres pathologies que les cancers.

En pratique

Les contraceptifs oraux présentent des effets bénéfiques et des effets néfastes. Les avantages et les inconvénients doivent être discutés au cas par cas avec son médecin. Globalement, ces traitements sont potentiellement cancérigènes si on les prend longtemps. Ainsi, dans l'immédiat, on peut recommander aux femmes de prendre la pilule durant la première décennie de la vie sexuelle, et ensuite de s'orienter vers un autre moyen contraceptif. Il est aussi possible d'utiliser un stérilet très rapidement, maintenant qu'il est bien établi que son usage est sans danger chez les femmes n'ayant pas encore eu d'enfant.

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Source : Communiqué du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), Centre dépendant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), août 2005.