Première modification d'un groupe sanguin par transfert de gènes
Les trois chercheurs à l'origine de cette première mondiale - les docteurs Claude Bagnis, Pascal Bailly et Sylvie Chapel - font partie de l'EFS Alpes-Méditerranée, installé à Marseille. Leurs travaux, réalisés au sein du laboratoire d'hématologie moléculaire, ont porté sur un groupe sanguin très rare, figurant au 9e rang parmi les 30 recensés dans la classification de la Société internationale de transfusion sanguine : le groupe Kidd/JK. En France par exemple, le nombre de personnes présentant un phénotype Kidd négatif ne dépasse pas quelques unités.
Pour réaliser cette modification génétique, l'équipe de chercheurs a utilisé des cellules souches prélevées dans du sang extrait du cordon ombilical, juste après la naissance. Grâce à l'utilisation de vecteurs viraux, les chercheurs ont introduit des gènes dans ces cellules avant qu'elles se spécialisent en globules rouges, permettant ainsi de déterminer leur groupe sanguin.
Lors de la conférence de presse présentant cette première mondiale, le professeur Philippe de Micco, directeur scientifique de l'EFS, a indiqué que l'homme est désormais capable de "fabriquer du sang humain dont on choisit le groupe sanguin". Ces travaux expérimentaux ne constituent toutefois qu'une première étape dans un processus de longue haleine. Pour l'instant, il n'ont permis de produire qu'une infime quantité de sang modifié, destinée à réaliser les réactifs biologiques indispensables pour effectuer les diagnostics de l'EFS.
A terme, il doivent permettre de créer des échantillons de sangs rares utilisables comme échantillon de référence dans les tests diagnostics impliqués dans la sécurité transfusionnelle. Mais, ainsi que le précise le communiqué de l'EFS, "de nombreuses évolutions sont encore nécessaires pour imaginer un développement industriel qui puisse aboutir à une utilisation en routine autant dans l'efficacité des systèmes de répression génétique que dans celui de la génération de globules rouges à partir de cellules souches".
Selon le docteur Claude Bagnis, il faudra entre quinze et vingt ans pour passer de cette expérience réussie en laboratoire à une application fiable à grande échelle. Ainsi que l'a rappelé le chercheur lui-même à l'issue de la conférence de presse, "le don du sang reste incontournable pour encore longtemps".
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