Risque de suicide des ados sous antidépresseurs
Suite à une douzaine de cas, l'Agence américaine du médicament et de l'alimentation a averti les professionnels de santé et les patients sous antidépresseurs : en début de traitement, le Prozac et d'autres antidépresseurs (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) peuvent accroître, surtout chez les jeunes, le risque de pensées suicidaires et d'actes auto-agressifs. D'autres manifestations ont également été enregistrées, telles que anxiété, agitation, attaque de panique, impulsivité et hostilité.Elle demande donc aux laboratoires pharmaceutiques d'inscrire cette précaution d'emploi sur la notice de leurs médicaments et aux professionnels de santé de renforcer la surveillance des patients traités, afin notamment de détecter toutes aggravations de la maladie ainsi que l'apparition d'idées suicidaires. Et ce, tout particulièrement en début de traitement et chez les enfants et les adolescents, traités pour dépression ou pour troubles obsessionnels compulsifs.
Les choses sont quelque peu différentes en France. Premièrement, de telles contre-indications figurent déjà sur la notice des médicaments, comme c'est notamment le cas pour le Déroxat et l'Effexor, lesquels sont interdits aux moins de 15 ou 18 ans. En effet, le débat n'est pas nouveau, puisque dès la mise sur le marché du Prozac, cette possibilité de suicide violent ou de réactions agressives en début de traitement était connue. Deuxièmement, très peu d'antidépresseurs sont prescrits aux enfants français. Ce dernier point est discutable car si cette faible prescription les mets à l'abri des effets secondaires, ils n'en sont pas moins sous-traités. Ce phénomène est dû en partie à un sous-diagnostic de la dépression chez les enfants, mais également au fait que la plupart des antidépresseurs n'ont pas démontré leur efficacité sur la population infantile.
Adultes et antidépresseurs
Si les antidépresseurs sont sous-employés chez les enfants, il n'en est pas de même chez les adultes français. Sans rejoindre les chiffres des Etats-Unis, le marché des antidépresseurs a explosé en France depuis quatre ans. Selon les données recensées par l'AFSSAPS, le nombre de boîtes de nouveaux antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) a atteint les 36 millions d'unités en 2002, contre 33 en 2001, 31 en 1999 et 26 en 1998. Quant aux autres antidépresseurs, ils sont passés de 9,7 millions en 1998, à 12,8 en 2000 et 15,6 en 2002.Selon l'Assurance maladie, un quart de la population a bénéficié, au moins une fois durant l'année 2000, du remboursement d'une ordonnance de psychotropes (antidépresseurs, tranquillisants, somnifères, neuroleptiques). Ce type de prescription débuterait de plus en plus tôt, avec en 2000, 4% des garçons et 3,5% des filles de moins de 9 ans.
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