Quels sont les bénéfices de l’activité physique sur la santé mentale ? Peut-elle représenter une solution thérapeutique ?
Autrement dit, quelles sont les conséquences psychologiques de l’activité physique ? Et dans quelle mesure la pratique régulière d’une activité physique modérée peut-elle promouvoir le bien-être et aider dans la lutte contre certaines maladies mentales ?
Les répercussions psychiques sont constatées dans toutes les populations, pathologiques ou non. Il existe par exemple une relation positive entre activité physique et qualité de vie chez les personnes âgées, passant par une amélioration de la santé mentale, de la santé physique, de la vitalité et du fonctionnement social. Le bien-être est renforcé par un sentiment de compétence, une bonne image de soi et une diminution de l’anxiété.
Le niveau de l’estime de soi est d’autant plus augmenté si au départ le sujet présente une mauvaise image lui. Cela a notamment été montré chez les adolescents.
« Les liens entre l’activité physique, la dépression, l’anxiété et le stress ont largement été démontrés. La pratique d’une activité physique va avoir des effets en termes de baisse des risques de développer une dépression ou de l’anxiété et une augmentation du bien-être », souligne le Dr Charles Martin Krumm, enseignant chercheur en Psychologie Positive au service de la performance (sportives, professionnelles, personnelles).
Par exemple, cette étude de Michael Babyak et collaborateurs publiée dans la revue PsychosomaticMedicine, qui a suivi trois groupes de patients atteints de dépression majeure, les uns recevant un antidépresseur, les autres un antidépresseur associé à un programme d’activité physique, le 3e groupe étant assigné à la seule pratique physique. « Quatre mois plus tard, tous les sujets ont été améliorés de façon identique. En revanche, le taux de rechute à dix mois était le plus faible parmi les patients ayant uniquement bénéficié du programme d’activité physique. L’activité physique est ici clairement associée au meilleur bénéfice thérapeutique sur le long terme ».
Le Dr Charles Martin Krumm nous explique qu’au niveau du cerveau, « l’activité physique induit la synthèse de toute sorte de molécules (endorphine, dopamine, sérotonine…), qui produisent des effets sur l’anxiété, la dépression et le bien-être, mais qui améliorent aussi les capacités de mémorisation, les facultés d’apprentissage et la plasticité cérébrale ». La sérotonine par exemple, est un neurotransmetteur aujourd’hui bien connu pour réduire l’anxiété, la colère, l’impulsivité et l’agressivité, tandis qu’à un niveau insuffisant, il mène à la dépression.
L’activité physique agit aussi sur la santé sociale
Certaines formes d’activité physique génèrent aussi des interactions sociales, lesquelles peuvent être particulièrement bénéfiques pour la santé mentale de certaines populations, telles que celles des dépressifs (renforcement du sentiment d’appartenance sociale, image de soi perçue par les autres, bienveillance, diminution du sentiment de solitude…),
En résumé, les effets de l’activité physique sont positifs sur l’anxiété, la dépression, les perceptions de soi, et les émotions. Elle aide à développer l’autonomie, les comportements relationnels, l’affirmation de soi et la canalisation de l’agressivité. En augmentant les niveaux d'affects positifs, l’activité physique permet aux individus de puiser des ressources psychologiques, sociales, intellectuelles et physiques.
Alors oui, elle devrait être considérée comme une psychothérapie et être systématiquement pratiquée par tous pour préserver une bonne santé mentale dans notre société devenue bien trop stressante et sédentaire, d’autant plus qu’elle elle peu couteuse et sans effet secondaire.
L’activité physique est une stratégie efficace, pour la promotion du bien-être psychologique, la prévention de l’apparition de problèmes de santé mentale, et le traitement de certains troubles psychologiques en tant que complément thérapeutique.
* Charles Martin Krumm est président de l'Association Française et francophone de Psychologie Positive. Il a orienté ses recherches sur l'optimisme et son implication dans la capacité des individus à rebondir après un échec, et la relation entre optimisme et motivation, dans les domaines sportifs et scolaires, et plus récemment dans le domaine de l'entreprise.
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