Stress, dépression, anxiété : mauvais pour le coeur !
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La maladie coronaire et artérielle, première victime des facteurs psychologiques

Le cœur de la psychocardiologie est la maladie coronaire. Mais l’on sait désormais que d’autres aspects de la maladie cardiovasculaire vont être impactés, mais de façon moindre comme l’accident vasculaire cérébral, les lésions artérielles périphériques, l’anévrisme de l’aorte abdominale, l’embolie pulmonaire, les troubles du rythme cardiaque et la mort subite.

Dans le cas de la maladie coronaire et de l’infarctus du myocarde, le risque est doublé voire triplé du fait de la présence d’un facteur psychosocial négatif.

Celui-ci revêt plusieurs aspects : psychique, social mais aussi économique. Côté psychisme, il n’y a pas que le trio "stress, anxiété, dépression". La personnalité aussi intervient, notamment celle étiquetée "type D" (tristesse sans être une réelle dépression et inhibition sociale). Le risque est également plus élevé en cas d’hostilité cognitive (les individus "bougons-grognons"), d’épisodes de colère et de phases de désespoir.

Il y trois explications à cet impact négatif des facteurs psychosociaux :

  • Au départ, le stress provoque des réactions normales d’adaptation et de survie, mais lorsqu’elles sont utilisées de façon désadaptée, elles agissent par augmentation des risques classiques (tabagisme, mauvaise hygiène de vie, déstabilisation de la pression artérielle et du taux de LDL cholestérol, aggravation d’un diabète etc.). Par exemple dans le diabète, le stress requérant plus d’énergie (et donc de sucre), toute une série de réactions hormonales va entraîner un déséquilibre métabolique, une résistance à l’action bénéfique de l’insuline, une surcharge pondérale et, à terme, une aggravation du diabète.

  • Par ailleurs, tous les facteurs psychiques ont un effet direct sur le système cardiovasculaire via des facteurs hormonaux (notamment neuro-cérébraux), inflammatoires et de coagulation. L’action conjuguée des facteurs de risques classiques, des facteurs inflammatoires et de ceux favorisant la coagulation précipitent la survenue et l’évolution de la maladie artérielle.
  • Enfin, la souffrance psychologique, surtout après un épisode coronarien, risque de provoquer une diminution de l’observance médicamenteuse et de certains comportements (activité physique, alimentation équilibrée, tabagisme). Le risque de récidive augmente alors.

Trois fois plus de récidives de syndrome coronaire aigu

La prise de conscience d’avoir croisé la mort, le deuil de la vie d’avant, la nécessité d’adaptation est un long parcours qui entraîne potentiellement du stress, de l’anxiété et de la dépression.

De plus, l’annonce du diagnostic et la phase aiguë d’un syndrome coronaire aigu peuvent constituer un vrai traumatisme, tel un syndrome de stress post-traumatique, avec un risque de récidive multiplié par 2,5.

Ce syndrome de stress post-traumatique est présent chez environ chez 20% des patients qui viennent de faire un infarctus du myocarde et chez 30% des opérés du cœur.

Dr Jean-Pierre Houppe : « Lorsque des symptômes de souffrance psychologique et en particulier la dépression persistent dans les mois qui suivent l’accident coronaire, la mortalité est doublée voire triplée (décès par récidives d’infarctus du myocarde, mort subite due à des troubles du rythme, suicide) ».

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Source : D’après un entretien avec le Dr Jean-Pierre Houppe, auteur de « Prendre soin de son cœur - Introduction à la psychocardiologie ». Ed Dunod 2015