Sur la piste d'un vaccin contre la nicotine
Combattre les addictions à diverses substances, licites ou non, par la vaccination est une voie de recherche intéressante, et au cours de ces dernières années, des travaux importants ont été consacrés, sur l'animal, à développer un vaccin contre la nicotine (un autre vaccin est aussi en cours de développement contre la cocaïne).
Comme pour toute vaccination, l'objectif est d'obtenir la sécrétion d'anticorps spécifiques, dans le cas présent, dirigés contre la nicotine. Pari partiellement gagné puisque les études sur l'animal ont montré que la quantité de nicotine parvenant au niveau cérébral pouvait ainsi être diminuée de 30 à 60%. Cette diminution va atténuer les effets de la nicotine : le plaisir de fumer sera moindre, mais la cigarette provoquera aussi moins de dépendance, à la condition toutefois que la baisse du taux de nicotine parvenant au cerveau soit suffisante (on estime que cette baisse chez l'homme devrait être de l'ordre de 90% pour être efficace).
Ce vaccin n'est pas encore disponible sur le marché, et il ne le sera sans doute pas avant plusieurs années. Mais on progresse, comme en témoigne un récent communiqué fait depuis les Etats-Unis par l'entreprise Nabi Biopharmaceuticals, annonçant en février 2003 le démarrage d'une étude de phase I/II d'un vaccin dénommé NicVax®, chez 21 fumeurs et 9 anciens fumeurs ou non-fumeurs. L'évolution des anticorps spécifiquement dirigés contre la nicotine sera suivie, notamment à partir du 9e mois, de même que le pourcentage de sujets abstinents. Cette même entreprise avait déjà présenté des résultats prometteurs obtenus chez des non-fumeurs : une injection unique du « candidat-vaccin » avait permis d'obtenir des taux significatifs, dès le 14e jour, et durables d'anticorps. Une autre entreprise, britannique cette fois, Xenova group, avait également annoncé en 2002 les conclusions satisfaisantes d'un essai de phase I sur un candidat vaccin contre la nicotine, Ta-Nic®.
Il reste à démontrer si ce vaccin tient ses promesses, c'est-à-dire s'il parvient à réduire suffisamment les taux de nicotine parvenant au cerveau et donc de diminuer la dépendance à la nicotine. Si tel est le cas, les applications d'un tel vaccin seront essentiellement l'aide au sevrage tabagique et la prévention des rechutes.Mais attention, la vaccination ne doit pas pour autant être perçue comme la « solution miracle » dans la mesure où elle ne dispensera pas le fumeur d'être motivé pour abandonner le tabac.
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