Tétanos : huit décès en six ans en France, faute de vaccination
Huit décès que la vaccination aurait pu éviter. En France, entre 2012 et 2017, 35 cas de tétanos ont été enregistrés donc huit mortels, rapporte Santé Publique France dans son Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) publié le 11 décembre 2018. "Tous les cas dont le statut vaccinal a pu être documenté étaient non ou mal vaccinés", selon le BEH.
Le tétanos est une maladie infectieuse causée une bactérie appelée bacille de Nicolaier. Comme ce germe est présent dans les sols, la rouille et les selles animales, la contraction de la maladie a lieu le plus souvent par infection d’une blessure souillée par ces éléments.
Trois cas inhabituels chez des jeunes enfants
Plus précisément, sur les six années étudiées, les experts ont comptés 5 cas en 2012, 10 en 2013, 3 en 2014, 9 en 2015, 4 en 2016 et 4 en 2017. Ces 35 cas concernaient principalement des personnes âgées : 25 cas (soit 71%) avaient 70 ans ou plus au moment du diagnostic. "Mais, fait très inhabituel, 3 cas ont été déclarés chez de jeunes garçons âgés respectivement de 3, 4 et 8 ans, tous nés en France métropolitaine" constate Santé Publique France.
Pourquoi est-ce étonnant ? Parce que le vaccin contre le tétanos fait partie des vaccins obligatoires du nourrisson depuis 1940. Il est donc extrêmement rare de diagnostiquer cette maladie chez des jeunes enfants et, a fortiori, chez des personnes nées après 1940, sauf si elles ont contourné l’obligation vaccinale.
Létalité de 23% et séquelles
Sur ces 35 cas, 8 sont décédés "soit une létalité de 23%" note Santé Publique France, qui précise par ailleurs que "l’âge médian des sujets décédés était de 84 ans (extrêmes : 55-93 ans), avec un délai médian de survenue du décès par rapport à la date d’hospitalisation de 21 jours (extrêmes : 2-41 jours)". Outre les évolutions fatales, des séquelles ont également été enregistrées pour 12 patients, donc 2 enfants. Il s’agit de difficultés motrices, de rétractions musculaires et de complications ostéo-articulaires.
Nécessité d’une "meilleure application du calendrier de vaccination"
Après une baisse importante du nombre de cas de tétanos entre 1960 et 2006, l’incidence de cette maladie a augmenté, en comptant entre 4 et 15 cas par an. Une inversion de la courbe qui s’explique par une couverture vaccinale insuffisante, bien qu’obligatoire. "Pour les 15 patients pour lesquels le statut vaccinal était renseigné, 13 étaient non vaccinés et 2 auraient eu des antécédents de vaccination […] En ce qui concerne les 3 enfants, celui âgé de 4 ans avait une vaccination incomplète (deux des trois doses prévues pour la primo-vaccination) et les 2 autres n’étaient pas vaccinés" déplore en effet le rapport de Santé Publique France.
Pour que le vaccin antitétanique soit efficace, trois doses initiales puis des rappels réguliers sont effectivement nécessaires : deux doses à deux mois d’intervalle dès l’âge de deux mois, puis des rappels aux âges de 11 mois, 6 ans et entre 11 et 13 ans. A l’âge adulte, les rappels doivent avoir lieu à 25, 45 et 65 ans puis tous les 10 ans à partir de 75 ans. "L’ensemble de ces cas et décès auraient pu être évités par une meilleure application du calendrier de vaccination antitétanique et, en cas de plaie, par la vaccination et l’administration d’immunoglobulines spécifiques humaines selon le protocole recommandé" conclue ainsi Santé Publique France.
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Tétanos, Vaccination Info Service, mis à jour le 9 août 2018