Transplantation fécale : des bactéries greffées pour guérir l’intestin
Transplantation fécale, comment ça marche ?
Une transplantation fécale consiste à transplanter chez quelqu’un la flore intestinale d’une autre personne. En pratique, il ne s’agit pas de se débarrasser de la totalité des cent mille milliards de bactéries qui peuplent un intestin pour les remplacer par d’autres, mais juste d’en éliminer un certain nombre par un lavage colique, afin d’apporter une flore plus appropriée. Ensuite, il faut introduire les bactéries étrangères ; pour cela, on utilise tout simplement des selles débarrassées de leurs résidus. Celles-ci peuvent être introduits directement dans le rectum à l’aide d’une seringue, ou alors être mises dans une pilule qui sera avalée. En quelques heures, les « nouvelles » bactéries auront colonisé l’intestin. La transplantation de flore possède un effet limité dans le temps, un microbiote intestinal revenant à sa composition initiale.
Dit comme cela, la procédure n’est pas très rassurante. Les selles restent tabou dans notre société, considérées comme quelque chose de sale, et qui donne des maladies plutôt que les guérir. C’est probablement ce qui explique que la transplantation fécale n’ait fait l’objet d’aucune recherche ou presque jusqu’aux années 2000, alors qu’elle a été utilisée il y a des millénaires. Mais aujourd’hui, les informations que l’on a obtenues sur l’importance de la flore intestinale ont remis la technique au goût du jour…
Pour quoi utilise-t-on la transplantation fécale ?
La transplantation fécale est actuellement utilisée principalement pour lutter contre la colonisation de l’intestin par une bactérie bien précisée, Clostridium difficile. Elle est présente de manière normale dans notre flore intestinale, mais si elle prend trop d’importance, elle entraine des diarrhées récurrentes parfois mortelles. A l’heure actuelle, cette infection est très difficile à soigner. Mais la transplantation fécale a fait ses preuves dans de nombreuses études, avec une action rapide et durable. Au point de vue réglementaire aussi, la transplantation fécale pose question. Considère-t-on les selles transplantées comme un tissu ? Un organe ? Un médicament ? Et vue l’importance de la flore intestinale dans des aspects très variés de la santé, comment s’assurer que l’on ne va pas transplanter une autre maladie ou un autre problème ?
La transplantation fécale devrait permettre de à résoudre des problèmes bien au-delà de l’infection à clostridium difficile. Elle est en effet étudiée pour les maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn, et même évoquée pour des cancers, l’obésité, et autres… Bref, il y a du pain sur la planche pour les scientifiques.
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Van Nood, E. et al., New england Journal of Medicine 2013 ; 368 : 407-415