Les séquelles à long terme !
Les neurones détruits ne sont jamais réparés. Par contre, le cerveau dispose souvent d'autres circuits capables de remplacer les connexions perdues. Leur mise en place demande du temps et des stimulations appropriées au cours de la rééducation, réalisée par les orthophonistes, les ergothérapeutes, les kinésithérapeutes et orchestrée le plus souvent par un service de médecine physique et de réadaptation. Néanmoins, cette récupération est longue et souvent partielle. "Les lésions cérébrales peuvent toucher n'importe quelle fonction : motrice, sensorielle (perte de la vue ), mais aussi cognitives : langage, mémoire, attention, capacité d'autocritique... Les cérébrolésés perdent aussi parfois leurs inhibitions : ils peuvent se mettre à rire, à pleurer ou à jurer à des moments inopportuns. Certains plongent dans l'apathie. D'autres ne peuvent plus rien apprendre, ni suivre une conversation. Ils deviennent souvent irascibles, solitaires", constate le professeur Philippe Azouvi. Tout cela complique fortement leur vie sociale. "Jean, 43 ans, s'est vu refuser l'accès à un avion parce qu'il tremblait et qu'il perdait l'équilibre. Le personnel naviguant croyait qu'il était ivre. Il n'a pu monter dans l'avion que grâce à un kinésithérapeute présent parmi les passagers, et qui connaissait bien ce problème. Nous voulons nous battre pour que la société porte un regard bienveillant sur ce handicap invisible", explique Marie-Christine Cazals, responsable de la communication de l'Union Nationale des Associations de Famille de Traumatisés Crâniens (UNAFTC).
Les enfants : moins de séquelles ?
Les conséquences du traumatisme crânien chez l'enfant ont longtemps été minimisées. En effet, un jeune cerveau a une plus grande capacité à remodeler ses connections neuronales. Cette plasticité cérébrale accrue permettrait de compenser les effets de lésions cérébrales en aménageant de nouveaux réseaux. "Cela est vrai quand les lésions sont limitées. Mais, si elles sont étendues et situées dans des zones stratégiques du cerveau, les conséquences d'un traumatisme crânien sont alors plus graves que chez l'adulte. En effet, les lésions cérébrales vont perturber le développement de l'enfant, entraînant notamment des altérations de la capacité d'apprentissage et des troubles du comportement", précise le docteur Anne Laurent-Vannier, présidente de l'association France Traumatisme Crânien (FTC). La principale cause de traumatismes crâniens des enfants reste les accidents de la route. Plus sordide, les violences à l'encontre des bébés sont aussi à l'origine de lésions cérébrales. "Un adulte excédé, qui ne supporte plus les pleurs et les cris de l'enfant, le secoue violemment jusqu'à ce qu'il se taise. Or, avant l'âge de 6 mois, le poids de la tête est important alors que le tonus musculaire cervical est encore faible. Ces violentes secousses provoquent des lésions intracrâniennes à l'origine de séquelles graves : polyhandicap, hémiplégie, troubles visuels, épilepsies C'est le syndrome du bébé secoué", commente le docteur Anne Laurent-Vannier.
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