Un cancer du sein avancé guéri grâce à une thérapie stimulant le système immunitaire
La médecine personnalisée a du bon. Parfois, elle peut même aider à atteindre l'inespéré. C'est ce qui est arrivé à une Américaine atteinte d'un cancer du sein de stade métastatique. Alors qu'aucun traitement n'avait permis de faire reculer la tumeur, une nouvelle approche lui a permis d'atteindre la rémission.
Cette réussite, obtenue par l'Institut américain du cancer (NCI), fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique Nature Medicine. Elle détaille la manière dont les scientifiques sont parvenus à ce résultat inattendu. Qualifiée d'immunothérapie, elle stimule l'activité de certains globules blancs.
"Doper" le système immunitaire
En temps normal, la tumeur échappe en partie à nos défenses immunitaires, ce qui lui permet de se développer. Mais certains lymphocytes - les globules blancs - sont capables d'infiltrer la tumeur; ils sont baptisés TIL. Ils ciblent notamment des mutations qui se produisent dans les cellules cancéreuses. C'est sur ces défenses que s'est appuyée l'équipe américaine.
Pour chaque patient.e, les scientifiques ont recherché quels lymphocytes parvenaient à repérer des mutations sur la tumeur. Cela a permis de développer un traitement qui modifie les fonctions immunitaires et s'est déjà avéré efficace contre le mélanome.
Concrètement, les lymphocytes les plus efficaces ont été prélevés chez chaque patient.e, "dopés" en laboratoire puis mis en culture. Une fois que leur quantité était satisfaisante, ils ont été réinjectés aux volontaires.
Juste avant cette dernière étape, une chimiothérapie a été administrée pour éradiquer les défenses immunitaires restantes. Cela permet de faire "repartir à zéro" le système de défense, qui ciblera désormais les bonnes mutations.
Et cette tentative a livré des résultats bien plus positifs qu'attendu. Les différents volontaires étaient atteints de cancers du sein, du côlon ou encore du foie, qui ont tendance à présenter moins de mutations qu'un mélanome ou qu'une leucémie, par exemple.
Une rémission durable
Mais c'est une patiente souffrant de cancer du sein métastatique qui a le plus étonné les scientifiques. Sa tumeur avait résisté aux différents traitements – chimiothérapie et thérapie hormonale comprises. Elle présentait 62 mutations spécifiques, dont quatre étaient reconnues par les lymphocytes TIL.
A la fin de son traitement, complété par une immunothérapie à base de pembrolizumab, cette femme était en rémission. 22 mois après la fin de l'expérience, elle n'a toujours pas connu de récidive.
Si ce cas est, de loin, le plus spectaculaire, d'autres volontaires ont vu leur état s'améliorer considérablement grâce à cette stratégie. "Dans la mesure où cette approche s'appuie sur les mutations, et non sur le type de cancer, c'est une sorte de schéma directeur que nous pouvons utiliser pour bien d'autres formes de cancer", indique le Dr Steven Rosenberg dans un communiqué.
Cela représente une nouveauté notable. Avant cette étude, cette technique n'avait montré une efficacité que dans les cancers qui s'accompagnent d'un grand nombre de mutations… Ce n'est pas le cas de ceux touchant des organes comme le sein, le foie ou encore le côlon-rectum, qui sont dits "épithéliaux". Cette nouvelle piste thérapeutique est donc source d'espoir.
Vidéo : Le cancer du sein expliqué en vidéo
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Mobiliser le système immunitaire contre les tumeurs, Fondation ARC pour la recherche sur le cancer