Un ovaire artificiel pour traiter les infertilités après un cancer
Chaque année, environ 4 600 cas de cancer se déclarent chez des femmes de moins de 35 ans. Efficaces, les traitements peuvent aussi s'avérer toxiques pour le système reproducteur. Une équipe danoise propose une nouvelle solution pour que l'infertilité ne doit pas définitive : un "ovaire artificiel".
Cette technique, développée par le Rigshospitalet de Copenhague, a été présentée lors du dernier congrès de la Société européenne de Reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE). Elle est censée limiter le risque de récidive au cours de l'assistance médicale à la procréation (PMA).
Limiter le risque de rechute
A l'heure actuelle, une "préservation de la fertilité" est systématiquement proposée avant un traitement anticancéreux. Mais quand penser à la grossesse en phase de rémission ? La question s'avère plutôt délicate en fonction du cancer.
"Pour la maladie de Hodgkin, les délais sont très courts", confiait récemment le Dr Nathalie Chabbert-Buffet, endocrinologue et médecin de la reproduction à E-Santé. Mais dans le cas de cancers gynécologiques ou de leucémies, la décision s'avère plus délicate, car le tissu prélevé est potentiellement malade.
Les scientifiques danois.es proposent donc de changer de stratégie, en "nettoyant" le tissu ovarien au préalable. Lors du congrès de l'ESHRE, ils ont présenté un procédé chimique complexe qui débarrasse l'échantillon de toutes ses cellules originelles.
Leur procédure consiste à prélever d'abord des follicules ovariens de stade primaire. Ils exposent ensuite le tissu ovarien à divers produits pour le débarrasser de toutes les cellules potentiellement malades, puis réimplantent les follicules.
Des résultats encourageants
En théorie, "un ovaire issu de la bio-ingénierie pourrait permettre la croissance et le développement de follicules décongelés sur un tissu sain", avance dans un communiqué le Dr Susanne Pors, principale coordinatrice de cette étude.
Restait à mettre cette hypothèse à l'épreuve des faits. Pour cela, les scientifiques se sont appuyés sur les tissus ovariens congelés de 1 100 femmes et les échantillons issus de 115 tentatives de transplantations pratiqués sur 90 femmes.
"Les tentatives de transplantation chez la souris ont montré que les matrices décellularisées permettent la survie et le développement de ces follicules primaires", se félicite le Dr Pors. Des résultats positifs ont également été obtenus lors des tests en laboratoire.
Les scientifiques ont maintenant prévu d'optimiser leur technique. Celle-ci pourrait d'ailleurs s'adresser à un public bien plus large : les médicaments indiqués pour combattre la sclérose en plaques ou d'autres pathologies chroniques peuvent affecter la fertilité.
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