Un premier bébé est né grâce à une greffe d’utérus d’une donneuse décédée
C’est une avancée majeure dans le domaine de la fertilité. Des chercheurs en gynécologie obstétrique de l’université de São Paulo (Brésil) annonce la naissance du premier bébé né grâce à une greffe d’utérus provenant d’une donneuse décédée dans un article publié le 4 décembre 2018 dans le journal The Lancet. Il s’agit du premier cas de naissance aboutie grâce à une transplantation d’utérus issu d’une donneuse décédée et non d’une donneuse vivante.
Une opération de 10,5 heures
La greffe d’utérus a eu lieu en septembre 2016 à l’Hospital das Clínicas de l’université brésilienne de São Paulo, chez une femme de 32 ans souffrant d’une absence congénitale de cet organe due à une pathologie appelée syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH). La donneuse de 45 ans décédée d’une hémorragie méningée avait déjà eu trois accouchements par voie basse.
La transplantation de l’utérus a duré 10 heures et demie pendant lesquels les médecins ont connecté le greffon utérin aux veines, aux artères, aux ligaments et aux canaux vaginaux de la receveuse. Suite à cette opération, la trentenaire a suivi un traitement immunosuppresseur pour limiter le risque de rejet de la greffe.
Naissance par césarienne à huit mois de grossesse
Cinq mois après la transplantation, l’utérus ne montrait aucun signe de rejet, les échographies n’indiquaient aucune anomalie et la receveuse avait des règles régulières. Celle-ci avait réalisé quatre mois avant l’opération une fécondation in vitro (FIV) à partir de laquelle huit ovules fertilisés avait pu être congelés. Ces ovules ont pu être implantés dans l’utérus greffé sept mois après l’opération.
10 jours plus tard, la grossesse était confirmée. A 35 semaines et trois jours, soit environ huit mois de grossesse, la receveuse donnait naissance par césarienne à une petite fille de 2,5 kg. Le greffon utérin a été retiré par la même occasion et ne présentait selon les médecins aucune anomalie.
"Une nouvelle option pour les femmes souffrant d’infertilité utérine"
"L’utilisation de donneuses décédées pourrait considérablement élargir l’accès à ce traitement et nos résultats fournissent la preuve irréfutable d’une nouvelle option pour les femmes souffrant d’infertilité utérine" confie le docteur Dani Ejzenberg, auteur principal de l’étude, dans un communiqué de The Lancet.
Il ajoute : "Les premières greffes d’utérus provenant de donneuses vivantes ont constitué une étape médicale importante, ouvrant la possibilité d’un accouchement à de nombreuses femmes infertiles ayant accès à des donneuses compatibles et aux installations médicales appropriées. Cependant le besoin d’une donneuse vivante est une limitation majeure car les donneuses sont rares et sont généralement des membres de la familles consentantes et éligibles ou des amies proches. Le nombre de personnes désireuses de donner des organes lors de leur propre décès est beaucoup plus grand que celui des donneuses vivantes, offrant une population de donneuses potentielles beaucoup plus large."
L’infertilité touche 10 à 15% des couples en âge de se reproduire, selon le communiqué du Lancet. Parmi ces personnes, une femme sur 500 présente des anomalies utérines dues à une pathologie congénitale, une malformation, une hystérectomie ou une infection. Avant l’avènement de la greffe d’utérus, les seules options possibles pour avoir un enfant dans ce cas reposaient sur l’adoption ou la maternité de substitution, rappelle enfin The Lancet.
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The Lancet: First baby born via uterus transplant from a deceased donor. Communiqué de presse du journal The Lancet, 3 décembre 2018