Vaincre l'anorexie
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Une lutte " à corps perdu " : les causes de l'anorexie

Cette pathologie apparaît toujours en réaction à des conflits psychiques. Pourtant, l'anorexique ne présente pas de troubles mentaux apparents, ce qui explique les difficultés de certains parents et médecins à reconnaître l'origine psychologique et la gravité des troubles, souvent banalisés. Dans cette lutte « à corps perdu », l'anorexique mène un véritable combat contre ce corps qui prend trop de place et qu'il/elle perçoit comme une menace. La métamorphose de la puberté le/la perturbe. L'émergence des signes et pulsions sexuelles produit un traumatisme. L'anorexique cherche à les maîtriser par un contrôle radical de son aspect physique, tendant à gommer les marques de sa féminité. Il/ elle cherche à ne plus avoir de corps, dont l'image est niée. Très cérébral(e), l'anorexique réduit drastiquement son existence à une maîtrise intellectuelle, pour mettre à distance ses émotions et sa vie affective. Estelle, anorexique depuis un an témoigne: «On ne s'aime pas et on ne veux pas être aimée. On ne veux pas être touchée. Quand je mange, je me dégoûte. La plupart du temps cette maladie nous tue sur le plan émotionnel. On a peur de grossir et de ne pas être aimée.» Bien souvent, l'anorexie est à mettre en relation avec ce que l'enfant ou l'adolescente a perçu des remarques et du regard parentaux sur son corps. Autre phénomène en rapport avec l'anorexie : l'obsession de minceur de la société. «Beaucoup de jeunes femmes se trouvent en décalage par rapport à l'idéal véhiculé par les mannequins et la mode. Elles ont l'impression d'être anormales ou pas assez belles ou désirables, explique Jacques Fricker, médecin nutritionniste à l'hôpital Bichat. Cela les conduit à manger de moins en moins, à y trouver goût et à devenir anorexiques.»

Le traitement

Les anorexiques recherchent rarement de l'aide, voire la repoussent, pensant savoir ce qui est le mieux pour elles. Le déni de la maladie conduit souvent à l'hospitalisation, où la patiente est prise en charge par des médecins généralistes et des nutritionnistes qui surveillent son poids et sa santé. L'adolescent(e) est alors coupé(e) de sa famille et doit même parfois être isolé(e) en chambre. Cette séparation excède rarement deux mois. Parallèlement, une psychothérapie est menée selon diverses méthodes (psychothérapie de soutien, psychanalyse, psychodrame analytique, thérapies comportementales). Sophie, sort progressivement de l'anorexie, et a appris à se réapproprier son corps : «On croyait que l'on se battait contre son corps, et on se rend compte qu'en fait c'est son esprit qui est malade. Et l‘on se rend compte que ce corps que l'on s'acharne à rendre parfait est devenu vraiment abîmé.» Ces thérapies sont souvent associées à une action auprès des parents, de façon à les déculpabiliser et à les faire réfléchir sur le fonctionnement familial. Dans tous les cas, la psychothérapie est longue et difficile car les rechutes sont relativement fréquentes. Des études récentes ont montré que le pronostic est favorable à 50 %, intermédiaire à 30 %, et chronique dans 20 % des cas. * source: Beauquier-Maccotta B., 2001, Le devenir des adolescentes anorexiques. Revue de la littérature. Francopsy, Mars 2001, N°3, http://www.francopsy.com/003/anorexie.htm

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